A n 1
Brumaire
- de ces laves les faisait-elles s'alonger en larmes
par leur partie inférieure : elles retombèrent
la plupart dans le cratère qui les avait vomies,
et tout le pays fut éclairé d'une lumière dans
le genre de celle que jettent les étoiles des
feux d’artifice.
Ce magnifique spectacle ne dura qu’un
quart-d'heure. Immédiatement après, un autre
ruisseau de matières fondues s’étant fait jour
à la droite du premier, il coula avec tant de
rapidité, qu'au soleil levant son extrémité
avait atteint le petit cratère que l'on voit sur
le profil de la montagne ,, et d'où s’élèvent
quelques fumcroies., •
Dès que le disque du soleil: montra son,,
limbe au-dessus des nuages qui remplissaient
le grand Pays-Brûlé,, le thermomètre monta
précipitamment à 4° , puis à 4P f , ensuite à,
5 -6 ° , et même 6?, s , lorsque tout le globe
fut sur l'horizon.
Quand je sortis du camp, je vis dans tous ,
les environs la terre, les bruyères et les,
rochers couverts de gelée blanche si abondante
, qu’on eût cru qu’il.avait neigé.’ Je n'aime ,
pas l’hiver de nos climats, ni ri,en; de ce qui/
pçut y avoir rapport ;-j'éprouvai cependant ,
une sensation bien, agréable, parce que la,
gelée blanche me rappela la France et ces -¡Z
premiers beaux jours de nos printems dont BruJ
les matinées sont encore'froides. maire.!
Je fus surpris de rencontrer sur certains
endroits du sol où la veille je n'avais pas vu
la moindre trace d'humidité, de la glace qui
paraissait avoir un pouce d'épaisseur 5 elle
craquait sous les pieds cbmme de la neige
dont la surface seule est prise. Cette couche
de glace était entièrement composée de filets
parallèles comme ceux de Vasbeste , ou encore
mieux du àpath calcaire strié. La tempéra-
ture de Pair étant, pendant la nuit, à zéro ou
au-dessous, et conséquemmertt plus froide que
la terre, la chaleur contenue dans cette dernière
cherchant à se mettre en équilibre
s'élève et sort du sol en entraînant avec elle
les particules aqueuses qu’elle rencontre à son
passagek A mesure que ces particules se présentent
à la surface du terrain, elles doivent
se congeler : c'estainsi que j'expliquai le phénomène
intéressant qui se passa autour de
nous. La glace résultante de ce phénomène
» peut etre d’un grand secours aux voyageurs qui,
ne trouvant pas d'eau dans les ehvirons, pourraient
sans inquiétude attendre la matinée et
recueillir cette même glace pour la faire fondre.
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