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l 3 4 ORGAIfISA.TION DES REPTILES .
dissent par des mouvemens brusques et réitérés quand
elle veut s'écliapper ; les crochets qu'on voit à leur
palais retiennent cette substance, et aident ainsi à la
déglutition ; leur langue charnue et exertile leur sert
également pour eu recueillir les débris, ainsi que pour
leur donner les moyens de boire en lapant ou en
léchant les corps humectés. Chez les Geckos, la gueule
est très fendue, et la proie calibrée est reçue tout
enlière dans sa cavité, qui se refei'me ensuite complètement
; ainsi emprisonnée et fortement comprimée,
souvent écrasée par l'action des muscles de l'os hyoïde,
elle se trouve alors poussée en arrière par la langue
et engagée dans le canal cha rnu, qui sous le nom
d'oesophage la dirige dans l'estomac. Dans le Caméléon,
la langue vermiforme et gluante s'applique sur
les Insectes, les Annelides, les Mollusques, avec tant
de prestesse et de rapidité, qu'on a vu ces Reptiles
saisir en passant les Insectes ailés qui voltigeaient à
une assez grande distance et dans une sorte d'atmosphère
qui semblait les attirer. Nous n'avons jamais vu
de I\eptiles Sauriens se nourrir de végétaux ou de
f rui t s ; on le dit cependant des Iguanes et surtout de
la Dragonne, seule espèce qui ait les mâchoires garnies
de dents tuberculeuses, mous ses ; c'est ce qui
reste à vérifier; il est cependant bon de noter que la
plupart des Sauriens peuvent réellement mâcher ou
diviser leurs alimens par portions qu'ils avalent successivement,
eu recueillant les restes solides ou liquides
qui s'échappent ou s'écoulent de leur bouche.
Quant aux véritables S e rpens , il n'en est pas qui
mâcheni réellement, de même qu'il est évident qu'aucun
ne peut sucer ou opérer le vide dans la bouche,
et que , par conséquent, c'est un préjugé de croire que
NUTRI T ION, DIGESTION.
,plusieurs de ces animaux, comme les Boas et les Cou-
L v r e s , puissent t é t e r les vaches ; outre l'absence des
lèvres charnues , le défaut de voile du palais et de
l'épiRlotte qui rendraient la succion impos s ible, il
est evident que les crochets acérés et recourbés en
a r r i è r e , qui garnissent leurs mâchoires et leur palais,
s S c c r o c h e r a i e n t comme des hameçons aux tétines des
Mammiferes et qu'ils ne pourraient s'en détaclxer.
Quoiqu'on ignore le véritable usage de la langue humide
et charnue que l e s S e r p e n s brandissent et font
continuellement sortir de la bouche et vibrer dans l'air,
il est facile de concevoir, qu'à cause de sa forme cylina
r i q u e , e tde son étroitesse, elle ne pourrait faciliter
la mastication, quand même les dents seraient propres
a cet usage. Tout au plus , cette langue fort longue
sert-elle, comme on l'a observé quelquefois, à faire
pénétrer un peu de liquide dans la bouche, car nous
avons vu nous-même des couleuvres laper amsi l'eau
que nous avions placée auprès d'el les , dans la cage
où nous les tenions renfermées pour les observer a
loisir. La mobilité des mâchoi res , l'écartement dont
elles sont susceptibles, par une sorte de déduction
naturelle et volontaire qui permet à la bouche de s elargir
en même temps que sa longueur diminue, doivent
être rappelés ici pour faire concevoir comment
la nourriture est saisie par les Serpens. Au moment
où l'animal se jette rapidement sur sa proie , il écarte
vivement les deux mâchoires , et la gueule bé ant e ,
hérissée de pointes , il l'applique sur la proie qu'il
attaque. Si la peau de la victime est mol l e , les crochets
pointus y pénètrent comme des gr i f fes , ils la
déchirent ou la retiennent comme des gr appins , et
dans ce c a s , si l'animal résiste, il est bientôt étranglé
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