DISCOURS
de les étudier d'ime manière générale, quoiqu'elles
facilitent beaucoup la reclierclie et la découverte
des noms donnés aux objets, lorsqu'ils ont été déjà
décrits dans les livres qui deviennent des sortes de
vocabulaires raisonnés.
La méthode naturelle cherche au contraire à conserver
tous les rapports et toutes les affinités qui lient
les êtres entre eux ; à faire connaître leurs points de
contact et ceux par lesquels ils diffèrent^ en les comparant,
en les étudiant dans leur structure la plus
intime, afin, de rapprocher autant qu'il est possible
les individus qui présentent la plus grande analogie.
Cet arrangement, s'il pouvait être achevé complètement,
serait la perfection de la science; aussi est-il
le but auquel tendent les travaux de tous les naturalistes
; mais il n'est point encore atteint, et il ne le
sera pas de long-temps, parce que nous sommes loin
de coimaître tous les corps de la nature.
La marche analytique, telle quenousl'avonsadoptée
depuis plus de trente ans, pour ti^ansmeitre les faits de
la science dans nos ouyrages, dans nos cours publics et
pour nos études particulières,estime sorte de système
artificiel qui consiste à désigner de suite un être isolé
et à le faire retrouver dans la foule de ceux qui lui
ressemblent, pourvu qu'il ait été déjà observé ou décrit
; de manière cependant qu'en se hvrant aux recherches
nécessaires à la classification, on parvienne
à connaître rapidement tout ce que cet indiyidu présente
d'important dans sa conformation spéciale et à
le trouver placé dans l'ordre le plus naturel, auprès
PRÉLIMINAIRE. Vi j
de ceux qui paraissent en être le plus voisins pour
la configuration, la structure et les facultés.
Cette méthode artificielle consiste à offrir constamment
à l'observateur, qui examine un objet, le choix
entre deux propositions contradictoires dont l 'une,
reconnue vraie , exclut nécessairement l'adoption
de l'autre. Elle avait d'abord été employée dans quelques
ouvrages de Botanique ; mais la route directe
n'avait pas été tracée, les points de départ étaient
trop arbitraires, les recherches exigeaient trop de
temps. Souvent pour arriver au nom d'une seule
plante, les observations devaient être successivement
dirigées sur des particularités de la configuration si
peu importantes, les renvois se succédaient en si
grand nombre, et la comparaison, le rapprochement
entre les espèces étaient si bizarrement amenés, que
ces hvres, d'ailleurs très utiles aux commençants, ng
purent être réellement considérés que comme de
simples catalogues commodes, mais trop arbitrairement
rédigés ; semblables à ces dictionnaires de nos
divers idiomes où les mots sont disposés dans un ordre
alphabétique, sans aucun égard pour le sens qu'on
leur assigne; qui n'enseignent ni à parler ni à écrire
correctement dans une langue dont ils ne renferment
aucun précepte ; et qu'on ne consulte que pour
connaître la signification des termes, sans avoir besoin
de conserver le moindre souvenir du procédé
employé pour parvenir à ce simple résultat.
Ce n'est pas ainsi que nous avons cru devoir procéder
dans l'ouvrage que nous avons publié, il y a