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4O2 CHÉLONIENS.
d'Europe ; cette organisation se retrouve avec quelques
légères différences dans les autres espèces du
même ordre.
^ Quoique les yeux des Chéloniens Soient de petite
dimension, on ne peut cependant se refuser à reconnaître
qu'ils sont aussi parfaits que dans la plupart
des autres animaux vertébrés, et que même, parmi
leurs organes des sens, la vue est peut-être celui qui
présente les dispositions les plus favorables à la perception
des qualités des corps extérieurs.
Des Organes de la Digestion.
Les Reptiles Chéloniens faisant peu de mouvemens
et les exécutant lentement, n'étant pas obligés d'employer
r adresse ou la force pour se procurer la nourriture
qui se présente le plus souvent elle-même à leurs
besoins, il en résulte que ces animaux mangent très
peu, et qu'ils ne prennent absolument de substances
alimentaires qu'en raison de leurs pertes : ce qui les
fait regarder comme des êtres très sobres. D'ailleurs,
leurs tégumens,revêtus d'écaillés imperméables à l'eau
et s'opposant à toute exhalation perspiratoire, les
Tortues n'éprouvent pas la nécessité naturelle d'avaler
des liquides. Dans quelques circonstances , forcées
par l'excessive cbaleur ou par le froid de se renfermer
complètement dans leur carapace, comme certains
Mollusques dans leurs coquilles , les Tortues, surtout
celles de terre ou de la famille des Cliersites , tombent
dans une sorte d'engourdissement ou de léthargie
pendant lequel on ne leur voit exécuter aucun mouvement
: ce qui leur permet de garder une abstinence
volontaire ou forcée pendant des espaces de temps con-
KUTB.ITIOH , CIGESTION. 4o3
sidérables, qu'on croit même avoir été prolongés au
delà d'une année. Ce fait était déjà connu par Aristote;
mais depuis il a été constaté par Rédi, Blaès, Gautier,'
et nous-mêmes avons pu le vérifier sur une espèce de
Chélodine, rapportée vivante de la Nouvelle-Hollaude,
par Péron. Cependant, comme nous le verrons plus
tard, les espèces qui vivent dans l'eau ont peut-être
d'autres moyens de faire pénétrer ce liquide dans leur
corps.
^ Les espèces de quelques genres parzni les Thalassites
et plusieurs Chersites , ne mangent uniquement
que des végétaux ; tandis que les Potamites et plusieurs
Élodites se nourrissent d'animaux divers, quelquesunes
de ces dernières mêlent même les deux sortes
d'alimens, suivant que les circonstances les y obligent
ou les leur fournissent plus abondamment.
Nous allons indiquer successivement la disposition
des voies digestives, en suivant l'ordre naturel de la
fonction pour la préhension des alimens et leur broiement
ou leur division plus ou moins complète, pour
la déglutition, la digestion stomacale et intestinale
avec leurs annexes, et enfin pour la défécation.
Nous n'aurons pas besoin de rappeler que la bouche
des Chéloniens diffère de celle de tous les autres Reptiles
par la disposition des mâchoires, tant inférieure
que supérieure, qui sont presque entièrement à nu,
recouvertes seulement de lames cornées qui, dans la
plupart des espèces , ressemblent au bec des Oiseaux ,
parce que les bords en sont tranchans. L'inférieure est
reçue ordinairement par le bord de la supérieure, qui
la recouvre dans toute son étendue, quand ces pièces
sont rapprochées. Toutes lesThalassites, les Chersites
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