7 2 ORGANISATION »ES REPTILES,
mais on a peu d'occasions de l'observer, parce que l'animal
lui-même , ou ceux de la même espèce, avec
lesquels il se trouve plongé dans l'eau, avalent avec
une sorte d'avidité cette matière muqueuse. Cette dépouille
conserve tellement les formes de l'animal qu'il
semble qu'elle en soit l'ombre ou le spectre : comme
nous le faisons voir à nos auditeurs en leur faisant
passer sous les yeux des papiers sur lesquels l'épiderme
forme une sorte de dessin au lavis. Au ireste nous
aurons occasion de revenir, dans les généralités qui
précéderont l'histoire de chacun des ordres, sur les
détails que comporte ce sujet cui-ieux d'observations.
La peau présente encore quelques particularités sur
certaines régions du corps des Reptiles ; ainsi elle est
frangée ou munie d'appendices mobiles sur les flancs
des Uroplates et sur les parties latérales du cou et de la
tête dans la Chélyde Matamata. Elle se prolonge sur
les flancs et se trouve soutenue dans sa duplicature par
les côtes allongées dans les Sauriens du genre Dragon.
Dans les Anolis, les Iguanes et chez quelques autres
Sauriens, il existe des replis simples ou doubles de la
peau qui forment des fanons, des goitres, surtout chez
les mâles à^l'époque de la reproduction. La peau offre
des pores ou cryptes glanduleux qui sécrètent ou laissent
suinter des humeurs plus ou moins odorantes sous
la gorge des Crocodiles, à la marge du cloaque chez les
Amphisbènes , sur les bords internes des cuisses dans
plusieurs espèces de Sauriens , ou qui semblent provenir
de très grosses glandes placées au-dessus des
oreilles dans les Crapauds et les Salamandres terrestres.
La peau est surtout très perméable à l'humeur de
la perspiration dans les Batraciens sans queue, qui
SENSIBILITÉ, TOUCHER. 78
maintiennent par l'évaporation qui s'opère h leur surface,
l'équilibre de leur température, quand ils sont
exposés à une vive chaleur.
D'après Texamen que nous venons de faire des modifications
qu'éprouvent les tégumens chez les Reptiles
, il est facile de concevoir que le toucher passif
doit être réellement peu développé dans cette classe
d'animaux. Les seules espèces h peau molle et sans
écailles pourraient tout au plus percevoir rapidement
l'idée du contact immédiat des corps environnans ;
mais quand on réfléchit que la plupart de ces espèces
vivent dans l'eau comme les Batraciens et les Trionyx,
on conçoit que ce fluide peut tout au plus communiquer
vivement l'excès relatif ou le défaut de température
, quand elle est différente de celle de l'animal.
Mais nous verrons par la suite que tous les Reptiles
n'ont pas un degré constant de chaleur qui leur soit
propre, et que, par conséquent, ils doivent juger
moins facilement du calorique qui leur est enlevé ou
de celui qui leur est communiqué, a moins qu'il ne
leur soit fourni d'une manière très rapide. Quant aux
autres modes de perception qui leur sont accordés par
cette nudité de la peau , ils se rapportent très probablement
à l'action chimique. C'est ainsi que le tabac eu
poudre, les acides, certains gaz paraissent agir immédiatement
parle contact sur la peau de ces animaux,
comme quelques écoliers trop cruels en ont fait quelquefois
l'expérience sur des Grenouilles et des Rainettes.
Les Crapauds, les Geckos, les Caméléons,
dont la peau serrée et rugueuse est couverte et protégée
par un épiderme plus desséché, ont certainement
encore un peu moins de sensibilité produite dans le
cas d'un attouchement passif. Enfin cette sorte de
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