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1 8 8 ORGANISATION DES REPTILES.
nable d'exposer quelques faits qùi nous mettront à
même de mieux en apprécier les effets et les causes.
Sous le rapport de la fonction respiratoire et de son
importance sur toute l'économie des animaux vertèbrés,
il y a une très grande différence entre ceux qui
peuvent conserver une température constante et ceux
qui n'ont de cliaîeur que celle du milieu dans lequel
ils sont appelés à vivre. Dans les premiers, la vie se
trouve détruite presque aussitôt qu'il y a cessation
complete de la circulation ou de la respiration pulmonaire.
Cliez les autres animaux à poumons, on a reconnu
que, par l'ablation du coeur, des poumons, ou
par d'autres expérimentations analogues, telles que la
ligature des vaisseaux sanguins principaux ou de la
trachée, l'excitabiliié nerveuse et l'irritabilité musculaire
persistaient dans l'ensemble de l'économie, et
même pendant un temps assez prolongé, dans des parties
totalement séparées du corps de l'animal. Des
Tortues, des Crocodiles, des Serpens, des Tritons,
des Grenouilles, auxquels on avait tranché la tête,
excisé le coeur, enlevé les poumons, ou qui étaient
véritablement privés de la vie depuis quelques jours,
ont encore donné des signes de sensibilité ou de motilité
partiels, soit par l'action des stimulans chimiques,
soit par l'emploi des irritans mécaniques.
On a reconnu que, chez les Batraciens en particulier,
dont la peau est tout-à-fait nue, les tégumens peuvent
agir sur l'air et remplir à peu près les fonctions des
poumons; que l'eau aérée peut aussi servir h cette
sorte de respiration cutanée. Des Grenouilles forcées
de séjourner dans des vases et sous une eau chargée
d'air et qu'on avait soin de renouveler 5 deg Crapauds,
des Salamandres adultes, qu'on a tenus submergés dans
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des filets plongeant dans une eau courante et a basse
température, y ont vécu des mois entiers sans avoir
les moyens de respirer l'air atmosphérique. Quelques
faits semblent aussi prouver que des Tortues, des Serpens
et même des Lézards peuvent, à l'aide de l'action
de l'air sur leurs tégumens, se passer de la respiration
pulmonaire; mais des observations très curieuses,
consignées dans les annales de la science par des auteurs
consciencieux (i), et répétées depuis avec les
soins les plus éclairés et les plus scrupuleux (2), ont
prouvé que des Reptiles enfermés dans des corps solides,
et qu'on y a retrouvés vivans long-temps après,
avaient pu y subsister à l'aide de la porosité de la matière
de leurs enveloppes, et par d'autres circonstances
qu'on est parvenu àapprécier. Ce sont principalement
des Grenouilles, des Crapauds, des Vipères qui ont été
le sujet de ces observations.
La température du milieu dans lequel vivent les
Beptiles , et surtout l'état hygrométrique de l'air, influent
beaucoup sur les phénomènes de leur respiration
; mais plusieurs circonstances dépendantes de
l'organisation, telles que les facultés de transpirer et
d'absorber, viennent encore modifier ces résultats.
De la Chaleur animale.
On sait que les Mammifères et les Oiseaux conservent
une température élevée et qui reste à peu près la
même sous tous les climats et dans toutes les saisons.
(1) GUETTARD, Mémoire sur différentes parties des Sciences et
des Ans , 1771 , (ome iv, page 015 et suiv., et page G85.
(2) W. F. EDWABDS, del'Inilucncedes ngens physiques sur la vie,
Paris, 1824, in-8', page 15.