CHÉLONIENS.
aplatis, enveloppés d'une sorte de cuir épais, fibreux
souvent protégés par des plaques solides qui donnenî
a ces organes la forme d'une palette élargi'e qui fait
1 office de rames. Dans les Potamites, ces mêmes pattes
sont encore des nageoires, et quoique les doipts
s y distinguent mieux et que trois d'entre eux, et quelquefois
quatre, soient munis d'ongles très longs et
iort acérés, la peau qui les unit, et qui souvent les déborde,
empêche qu'ils puissent s'appliquer sur la
surlace des corps, pour en explorer les qualités tangibles.
Nous devons rappeler que les Chersites ou
lortues de terre ont les pattes plus mal conformées
encore sous le rapport du toucher, puisque tous leurs
doigts sont réunis en une seule masse informe en apparence
, qui paraît être un membre tronqué, un véritable
moignon difforme, qui fait que l'animal est piedl^
ot des quatre pattes. Il ne reste donc quelesÉlodites
chez lesquelles les doigts soient distincts et passablement
mobiles ; encore le plus souvent, entre les phalanges
sont placées des membranes qui empêchent la
patte de s'appliquer sur la surface des corps dont
elle pourrait reconnaître la nature; ainsi, il est évident
que les Chéloniens sont k peu près privés du
sens du toucher actif.
Cependant, puisque nous venons de parler de la
peau des animaux de cet ordre, nous saisirons cette
occasion de faire connaître la nature particulière des
plaques cornées qui recouvrent la carapace et le plastron.
La matière qui les forme doit être sécrétée d'une
manière régulière, car très souvent il reste sur leur
superficie des lignes alternativement enfoncées et
saillantes parfaitement disposées en quadrilles qui dénotent
leur mode d'accroissement par ces sortes de
SENSIBILITÉ, TOUCHER. 3g 3
couches successives. Cette disposition est surtout remarquable
dans les plaques carrées qui garnissent le
centre de la carapace dans les Tortues de terre. Nous
avons quelques raisons de croire que, chez quelques
Emydes au moins, cette matière cornée se renouvelle
en entier à certaines époques ; car sur un jeune individu
que nous avons conservé vivant pendant plus de
trois années, nous avons vu s'opérer cette sorte de
mue, et quand toutes les écailles ont été détachées,
nous avons remarqué qu'il en existait d'autres en dessous
beaucoup plus fines et mieux colorées. Peut-être
était-ce le résultat d'une maladie, car l'animal est
mort en effet quelques mois après. Quoi qu'il en soit,
cette matière cornée, cet épiderme singulier est composé
d'une matière diversement colorée. C'est une
corne très-fine dans sa texture, remarquable par les
nuances diverses plus ou moins transparentes et régulières
que prennent ses couleurs; elle est, comme on
le sait, susceptible du plus beau poli en même temps
qu'elle résiste au frottement. C'est à cause de ces qualités
précieuses qu'on la recherche dans les arts pour
en composer de petits meubles, ou pour en orner les
surfaces qu'elle rend imperméables. La chaleur la
ramollit, la rend flexible, et, quoique cassante, elle
résiste h la compression. Les lames que l'on emploie
' sont extraites principalement du Caret, espèce de
Chélonée ou Tortue marine, chez laquelle cette matière
est disposée par lames placées en recouvrement
les unes sur les autres, comme les tuiles d'un toit. Ces
plaques n'ont guère que deux à trois lignes d'épaisseur,
et il n'est pas rare d'en rencontrer qui présentent
des altérations : ce qui dénote sans doute quelques