ill
M' '
.F
' ; 4 ORGANISATION ÛES REPTILES,
sensation doit être très émoussée cliez la plupart des
Reptiles écailleux, et surtout dans les Tortues.
11 reste donc h examiner la tactilitè, si nous osons
hasarder de faire usage de ce terme pour exprimer la
faculté qu'ont les animaux de toucher activement, de
palper la nature des corps pour les reconnaître par le
tact, afin de l'opposer à la taction on à l'état tout-hfait
passif de la sensation dont nous venons de
parler.
Quand un animal peut appliquer à la fois, et pour
ainsi dire dans le même espace de temps, des parties
diverses de son corps à la surface d'un objet, il en acquiert
une connaissance plus complète, et il paraît
alors être doué d'un toucher plus parfait. C'est le cas
de tous les animaux qui ont les doigts mous, allongés,
distincts et très mobiles, qu'ils peuvent promener rapidement
et mouvoir çà et là sur tous les plans d'un
corps pour en explorer la nature et les limites. Sous ce
rapport, les Reptiles semblent avoir été très peu favorisés
par la nature; et, qtiand on y réfléchit, on conçoit
que cette faculté tactile leur eût été plutôt nuisible
que réellement utile. Leurs doigts sont en général
courts, liés entre eux et peu mobiles, et quand ils
présentent une autre disposition, il est aisé de reconnaître
qu elle est plutôt destinée à faciliter le transport
et surtout l'action de grimper; car dans ce cas-là surtout,
les écailles qui recouvrent chacune de leurs articulations
et leur peu de flexibilité ne doivent pas
permettre l'exercice d'une sensation rapide dans le
contact. Peu d'espèces sont munies soit de lèvres charnues
, mobiles, soit d'une trompe ou prolongement
des narines assez étendue pour saisir les corps ou les
envelopper. Quelques uns ont la queue préhensile,
SESSlBILilÉ^ TOTJCtîËR.
mais dans ce cas même elle n'est pas encore im organe
d u tact, comme nous allons le voir en parcourant sous
cepoint de vue l 'organisat ion des Rept i les des diverses
familles. _
• Ainsi, parmi les Tor tue s , les unes ont des doigts
réunis jusqu'aux ongles et absolument immobiles,
quelquefois aplatis et formant une sorte de palette
ou de nageoire, comme dans les Chélonées et les
Sphargis ; ou toute la pat t e se termine par u n moignon
informe, arrondi comme le pied d'un Éléphant, au
pourtour duquel des ongles plats ou de petits sabots
recèlent les derniers os des doigts qu'ils indiquent ou
d o n t ils font soupçonner l 'existence. D'autres Tortues,
comme les Émy d e s , les Tr ionyx et les Cbélydes, ont
des doigts fort distincts, mais cependant réunis par
des m emb r a n e s , et en général leurs pattes sont plutôt
organisées d'une manière convenable aux différens
modes de t ranspor t , que pour s'accommoder à la perception
du tact. Dans cette m ême fami l le, une espèce,
la Matamata, a bien le nez prolongé en forme de
trompe mobile; mais le but de cette conformation
semble être p lus propr e a favoriser l e mode obligé de la
respiration, qu'à permet tre cette sorte de tâtonnement
exercé par le groin des Porcs où le museau charnu des
Taupes et de quelques Musaraignes,
Nous trouvons encore plus de' diversité dans la famille
des Saur iens . Les Crocodiles , par exemple, ont
les pattes à peu près semblables à celles des Tortues
d'eau douce , dont les doigts sont réuni s par des membranes
; mais dans les Lézards, les Tùpi t ìamJns, les
Iguanes, les doigts sont très allongés , composés d'un
grand nombre de phalanges coniques, très mobiles:
on les croirait destinés a procurer à l'animal un tou-
I i; • i '-3