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6 4 OKGANISATION DES REPTILES,
extérieurs se manifestait et se feisait apprécier par les
auimaux. Ceux-ci en ont la conscience par une perception
qui est le résultat d'une sorte de contact plus
ou moins intime et direct de l'objet même, ou médiatement
de ses qualités diversement modifiées, sur les
extrémités variables de quelques uns de leurs nerfs
en particulier. L'objet lui-même, quoique souvent
immobile, semble être transporté dans l'espace par
son image, sa représentation, ou par quelques unes
de ses émanations, pour venir s'appliquer ainsi sur
des surfaces nerveuses établies dans ce but au centre
des instrumens confectionnés de la manière la plus
parfaite, pour en recueillir jusqu'aux moindres effets.
Nous ne connaissons dans les animaux que cinq appareils
principaux, à l'aide desquels ils peuvent apprécier
la nature des autres corps , et avoir ainsi la
connaissance de leur présence plus ou moins rapprochée
de leur être ; en un mot, de la réalité des objets
dont l'existence est perçue. Encore nous iTutres, créatures
pensantes, nous ne pouvons concevoir le mode
de cette sensation que parce que nous l'éprouvons,
que nous avons les mêmes organes, et que par là nous
pouvons en juger par comparaison ou par analogie.
Les organes des sens sont évidemment accordés aux
animaux pour qu'ils puissent rapidement, et même à
distance, être instruits de toutes les circonstances qui
peuvent être utiles ou nuire à leur existence dans leur
vie animale et végéfative, en déterminant leurs mouvemens
pour tout ce qui tient à la nutrition et à la
reproduction. C'est par les sens en outre que la volonté
et le non vouloir sont déterminés cbez l'animal,
et que toutes ses actions se trouvent ainsi produites.
C'est par les sens que les alimens sont dénoncés, dé-
1)E LA SÈNSIËILITÉ. 65
couverts, poursuivis, appréhendés et explorés dans
leur nature intime ; que les rapprocliemens s'opèrent
entre les individus, et que les éloignemens sont déterminés
par la crainte du danfjer. Quelles que soient la
s o l i d i t é des corps, leur mobilité et la nature même
impondérable de certains agens, l'animal est si bien
organisé, qu'à l'aide des sens dont il est pourvu, il en
c o n ç o i t , comme malgré lui, des idées exactes, en
éprouvant des sensations qui lui indiquent leur présence
plus ou moins éloignée.
Ces sens sont le touclier qui résulte du contact réel
et matériel des objets, plus ou moins solides, appliqués
à la surface du corps animé ; le goût qui perçoit les
saveurs des liquides ou des substances qui peuvent
être liquéfiées ; l'odorat qui recueille les émanations
vaporeuses ou gazeuses, quand elles s'échappent ou
proviennent de certaines matières ; l'ouïe destinée à
appi'écier les vibrations de tous les corps qui sont en
mouvement, qui tendent à se mouvoir, ou dont les
molécules ébranlées semblent résister au déplacement,
en le commimiquant aux corps environnans; et enfin
la vue qui admet dans des instrumens d'optique et
perçoit tous les phénomènes dus à la présence de la
lumière, et les modifications que ce fluide éprouve à la
surface des objets placés à distance ou dans l'intérieur
des corps qu'elle traverse. Dans ces trois dernières
circonstances, le corps perceptible est placé hors du
contactdel'attouchement possible; quoique matériellement
en place, ses qualités, ou les modifications
qu'elles éprouvent par les divers agens de la nature, se
transportent dans l'espace, traversent les milieux pour
se présenter d'elles-mêmes et s'appliquer, s'étendre
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