DISCOURS
Ce n'est pas sans intention que viennent d'être
énumérées avec autant de détails les circonstances
favorables dans lesquelles nous avons eu le bonheur
d'être placé, et les ressources immenses que nous
a fournies la riche collection d'animaux rassemblés de
toutes les parties du monde avec tant de frais au
Muséimi d'histoire naturelle de Paris. C'est parce que
nous pouvons en disposer complètement pour en
faire jouir aujourd'hui les naturalistes, en leur donnant
ainsi une puissante garantie que l'ouvrage auquel
nous livrons tous nos soins depuis bien des années, a
été rédigé entièrement sur les objets mêmes que nous
avons pu voir et étudier sous tous les rapports.
Indépendamment des recherches anatomiques et
physiologiques auxquelles nous nous sommes livré,
nous avons dû profiter de la magnifique galerie d anatomie
comparée, pour laquelle en particulier les
squelettes de la plupart des genres de Reptiles avaient
été préparés, par les soins et sous la direction de
Cuvier son illustre fondateur. Aussi notre savant
collègue, M. de Blainville, s'efforce-t-il de perfectionner
et de compléter ce précieux dépôt qui lui est
maintenant confié, parce qu'il est bien persuadé que
l'anatomie comparée est la seule base solide sur laquelle
puisse être fondé l'édifice de la science zoologique.
On sait de quelle importance ont été pour l'explication
des étonnantes révolutions que notre planète
terrestre semble avoir éprouvées, les découvertes
faites dans ces derniers temps par les débris fossiles
des différens genres de Reptiles, de ces créatures si
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liizarrement organisées, que par leur existence même
elles semblent indiquer les grandes catastrophes
auxquelles aurait été soumis ce globe sur lequel
nous vivons. Alors en effet des espèces analogues à
nos grands Lézards pouvaient voler et planer dans
les airs, comme les Chauve-Souris et les Hirondelles ;
tandis que d'autres étaient forcées de séjourner constamment
dans le vaste sein des mers, comme les
Cétacés et les Requins. Tous ces reliefs antiques, ces
empreintes de formes qui paraissaient à jamais anéanties,
se trouvent aujourd'hui rassemblés dans leurs
débris, de manière à être rapprochés, reproduits et
restitués authentiquement dans nos collections géologiques,
où elles serviront également à nos descriptions,
quand nous aurons à parler de ces espèces de
Reptiles perdus.
Aucun ouvrage important ne nous a manqué; car
le petit nombre de livres que nous n'avions pu nous
procurer, et qui pouvaient nous être utiles, ont été
généreusement mis à notre disposition par toutes les
bibliothèques publiques, au nombre desquelles nous
nous plaisons à citer celles de l'Institut et du Muséum
d'histoire naturelle ; cette dernière surtout, à cause
de l'accroissement considérable qu'elle vient de recevoir
par l'acquisition des hvres et la belle collection
de mémoires zoologiques qu'avait su réunir notre
savant collègue Cuvier, dont la perte sera longtemps
pour la science une calamité déplorable.
Pour les langues du nord avec lesquelles nous
n étions pas assez familiarisés, nous avons eu recours
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