7 6 OUGÀNISÀTION DES REPTILES.
cher fort développé, et cependant jamais ils n'ont cette
faculté, ils semblent leur avoir été donnés pour faciliter
l'action de grimper, pour s'accroclier sur les
corps solides, car aucun ne s'en sert pour porter les
alimens à labouclie.
Dans les Caméléons les pattes, quoique formées
cliacune de cinq doigts, ne peuvent servir que comme
des pinces. Les plialanges sont jointes jusqu'aux ongles
par une peau épaisse qui en fait deux paquets ou
faisceaux opposables l'un à l'autre. La face inférieure
de ces pattes, celle dite plantaire ou palmaire, est
molle et munie en apparence de papilles qui pourraient
faire connaître à l'animal la nature des objets
sur lesquels les pattes sont appliquées ; mais comme
elles restent alors immobiles, il est probable que la
température variable pourrait seule être appréciée,
et dans ce cas-là même, le corps de l'animal ne pourrait
pas en connaître ; car sa chaleur est la même que
celle des matières avec lesquelles il est plongé dans
l'atmosphère qu'il habite. La queue de toutes les espèces
de ce genre étant susceptible de s'enrouler et de
se courber en dessous, on observe dans toute la longueur
de la région inférieure d'autres papilles ou tubercules
mous, qui sont uniquement destinés à s'accommoder
à la surface des corps pour y contracter
une adhérence plus intime. Quelques espèces du genre
Agame offrent, dans leur queue également préhensile,
une disposition analogue.
Tous les Geckos et les genres voisins ont les doigts
conformés d'une manière toute spéciale, et qui semblerait
aussi devoir donner à leur tact une fort grande
énergie. Ces doigts , à peu près égaux en longueur,
bien distincts et très aplatis en dessous, sontbeau-
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côup plus larges qu'ils ne éont épais ; leurs bords sont
souvent comme frangés , mais quand on les examine
avec plus d'attention , on voit qu'ils sont munis en
dessous d'une rangée simple ou double de lamelles
molles, susceptibles de se relever et de s'appliquer
les unes sur les autres. C'est à l'aide de ces plaques que
l'on voit l'adhérence des pattes sur les corps les plus
lisses s'opérer avec tant de force que l'animal peutmarcher
et courir rapidement sous des plans horizontaux,
contre son propre poids , ses doigts faisant alors l'office
de ventouses. Dans les Anolis on voit aussi les
doigts de toutes les pattes dilatés , mais seulement
dans une partie de leur longueur, et cette structure
est encore un attribut qui leur est plutôt accordé pour
leur donner la faculté d'adhérer solidement , que
pour leur faire apprécier la nature des plans sur lesquels
ils s'accrochent.
Enfin dans les Scinques , les Seps et les Chalcides
et surtout dans les Hystéropes, les doigts diminuent
successivement en nombre et en longueur^ et souvent
ils sont si peu développés que l'on peut à peine les
distinguer les uns des autres. Il n'en existe plus du
tout dans lesOphisaureset les Orvets, qui sous ce rapport
sont tout-à-fait semblables aux Serpens.
Quant aux Serpens, dont la totalité du corps peut
s'enrouler autour des objets, on conçoit que ces animaux
peuvent acquérir, par ce contact qui s'opère en
même temps sur les différons points de leur être sentant
, la conscience de l'étendue et de la nature des
Surfaces. Quelques uns , comme les Boas , ont la
queue préhensile et propre à s'entortiller et à s'enrouler
en dessous ; mais cette structure paraît uniquement
destinée à faire acci'ocher ainsi l'animal, pour
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