8 6 ORGANISATION DES REPTILES.
Dans les Crocodiles, un autre mode de respiration
qui s'opère par un thorax dont les pièces sont nombreuses
et très mobiles, et surtout le mécanisme de la
préhension des alimens et de leur déglutition , ont dii
changer la disposition des narines; leur oi'ificc extérieur
se voit encore sur la ligne médiane , à l'extrémité
antérieure du museau; c'est une sorte débourse
charnue dont les orifices mobiles et en valvules sont
ouvertes en croissant, et peuvent se fermer complètement
à l'aide de muscles particuliers et d'un mécanisme
assez compliqué. Un long canal osseux se dirige
dans toute la longueur du museau qui est presque de
toute l'étendue de la tète, surtout dans les Gavials ; il
vient se terminer dans la cavité du pharynx ou de
l'arrière-bouche; c'est un cas unique parmi les Reptiles
et qui a quelque analogie avec ce qu'on remarque
dans les Mammifères. On trouve dans ce long canal,
tapissé de la membrane olfactive, des replis osseux,
de véritables cornets et des concavités sinueuses pratiquées
dans l'épaisseur des os qui constituent l'organe
olfactif le plus parfait qu'on ait encore reconnu dans
cette classe.
Chez les autres Sauriens les deux narines sont généralement
séparées et portées à droite et à gauche sur
les parties latérales du museau ; le canal osseux est,
court; l'orifice interne se voit vers le milieu ou le tiers
antérieur du palais ; on y trouve peu de replis formés
par la membrane pituitaire, qui est le plus souvent
colorée. Les Serpens ont le canal des narines organisé
à peu près comme celui des Lézards ; cependant dans
la plupart des espèces, celles qui ont des mandibules
dilatables, il est en général beaucoup plus court et il
se termine dans la bouche par un orifice médian qui
SENSIBILITÉ, ODORAT. S']
semble unique. On conçoit que les Serpens , privés de
sternum, respirent fortement tout d'un trait et à longs
intervalles. Quand l'air est expiré brusquement,
comme cela arrive le plus souvent, il sort en totalité
par la bouche, dont les mâchoires s'écartent et restent
béantes, tandis que l'inspii'ation peut s'opérer lentement
par les canaux des narines qui offrent à l'extérieur
quelques modifications qui ont même servi de
caractères dans l'établissement de plusieurs genres
d'Ophidiens. Si quelques espèces présentent à l'orifice
des narines, des sortes de soupapes, leur usage est très
probablement de s'opposer à l'entrée de l'eau lorsqu'ils
plongent, ou dans quelque autre circonstance
toute particulière de leurs moeurs. Nous ne pouvons
guère prévoir de cas où ces animaux auraient besoin
de flairer ou d'odorer avec attention; la proie dont ils
se nourrissent est aussitôt saisie que l'animal s'en est
approché. Cependant, comme quelques espèces portent
elles-mêmes, et surtout à certaines époques ,
beaucoup d'odeurs, peut-être leur existence réciproque
se manifeste-t-elle de cette manière , quand le
besoin impérieux de reproduire leur race les force a
se rechercher et à se rapprocher.
C'est dans l'ordre des Batraciens que nous retrouvons,
pour ainsi dire , les dernières ébauches de l'organe
de l'odorat; ce n'est souvent qu'un simple pertuis,
percé d'outre en outre, du bout du museau au
devant du palais, derrière la lèvre supérieure ; c'est le
cas en particulier des Grenouilles, des Crapauds et des
Rainettes. Une membrane mobile, charnue et concave,
se volt à l'extérieur ; elle est toujours humide, et ses
mouvemensdénotent les diFférens temps du mécanisme
propre de leur mode respiratoire. Il en est à peu
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