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ào8 OÎIGAfîISATiùiv DES REPTILES.
gravées, offrent, au Heu de la queue primitive qu'ils
avaient eue d'abord, une queue double dont les pointes
semblaient se rapprocher comme les branches d'une
pince; mais les faits principaux ont été recueillis sur
les Salamandres et les Tritons par Plateretti, Spallanzani,
Murray (i) et surtout par Bonnet (2). Voici l'analyse
des faits principaux consignés et figurés par ce
patient et consciencieux observateur.
Dans plusieurs expériences, les bras ou les cuisses
ont été coupés à des Salamandres aquatiques ou Tri-
Ions, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, ou d'un
même côté à la fois : constamment le membre amputé
s'est reproduit, et les doigts se sont peu à peu
reformés et ont pris du mouvement. La queue de ces
mêmes animaux a été retranchée à diverses hauteurs,
et constamment aussi elle s'est renouvelée en poussant
peu à peu de la base.
L'auteur a eu la patience de faire reproduire le
même membre jusqu'à quatre fois consécutives sur le
même animal , qu'il a observé pendant bien longtemps
avec des précautions infimes et un soin extrême.
Dans toutes ses recherches, il a observé que cette
( 1 ) PLATERETTI , Su le reproducione delle gambe, e della coda
delle Salamandre aquajuole. Scella di opuscul, Ínteres., yol. xxvii,
pag.48.
SPALLAHZANI , Sopra le reproduzioni animali ; Fisica animale e
vegetabile, 1768.
MÛKRAÏ , Commentalio de redinlegratione partium nexu suo
solularum vel amissarum , Golting., in-4°, 1787.
(2) Charles BOKKET , OEuvres d'Hisloire naturelle et de Pliilosoplilc,
tome V, Ire partie, 177. Sur Ja reproduction des menibreí
de la Salamandre aquatique.
NUTRITION, REPXlODtlC.TlOW DES MEMBRES. 20p
régénération était favorisée par la chaleur et retardée
au contraire par le froid.
Il a eu occasion de reconnaître que les parties de
membres ainsi altérées par des excisions se reproduisaient
souvent avec des altérations nofa])les , soit par
le défaut, soit par l'excès ou l'exubérance de certaines
parties, qui prenaient alors des formes tout-ii-fait singulières
; que chez plusieurs espèces de Tritons, les os
longs des membres détaxés de leur principale articulation
, et y restant suspendus par quelques points qui
les faisaient encore tenir aux chairs, se trouvaient en
peu de jours complètement consolidés. Mais l'une
des observations les plus étonnantes est celle qu'il
a consignée sur l'extirpation complète de l'oeil ; cet
organe s'étant tout-à-fait reproduit et ¡Parfaitement
organisé au bout d'une année.
Qu'il nous soit permis de consigner ici une de nos
expériences : nous avons emporté avec des ciseaux
les trois quarts de la tête d'un Triton marbré. Cet animal,
placé isolément aufond d'un large bocal de cristal
oil nous avions soin de conserver de l'eau fraîche à la
liauteur d'un demi-pouce, en prenant la précaution de
la renouveler au moins une fois chaque jour , a continué
de vivre et d'agir lentement. C'était un cas bien
curieux pour la })hysiologie ; car ce Triton privé de
quatre sens principaux, les narines, la langue, les
yeux et les oreilles, était réduit à ne vivre extérieurement
que par le toucher. Cependant il avait la conscience
de son existence ; il marchait lentement et
avec précaution ; de temps à autre, et à de grands intervalles
, il portait le moignon de son cou vers la
surface de l'eau, et da ns les premiers jours on le voyait
faire des efforts pour respirer.Nous avons vu, pendant
»EPTILES, I, »4