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1 9 4 ORGANISATION 3DES REPTILES.
stances, une humeur aqueuse, abondante, et surtout
elles ont la faculté de transpirer considérablement,
afin de maintenir leur température au dessous de
celle d'une atmosplière trop cliaude. Quand une Grenouille
ou tout autre Batracien est privé long-temps
d'humidité, ou quand il l'abandonne à des corps qui en
sont très avides, on le voit s'amaigrir, pour ainsi dire,
à vue d'oeil, et diminuer, sans exagération, de plus de
la moiliéde son poids primitif. Si quelque Grenouille
intimidée, ou prise au dépourvu , veut s'échapper par
un saut rapide, elle se hâte de s'alléger, en lançant
une assez grande quantité d'un liquide aqueux qui s'échappe
deson cloaque. Cettehumeur est aussi pure que
de l'eau distillée ; on sait qu'elle est contenue dans une
poche, ordinairement à deux lobes, située dans la partie
inférieure de l'abdomen, sous les viscères. Il y a
tout lieu de croire qu'elle est apportée là par des vaisseaux
particuliers qui ne sont certainement pas les
uréteres ou les canaux urinaires provenant des reins,
dont l'issue particulière se retrouve plus bas dans ce
même cloaque. On s'est assuré que cette eau est absorbée
avec rapidité par les diverses parties de la peau,
mais surtout chez les Pvainettes, par la partie inférieure
du ventre ; de là elle passe dans l'économie, et
vient se mettre en dépôt dans la poche que l'on a regardée
d'abord et figurée comme la vessie urinaire ;
c'est cettehumeur qui est réellement employée pour la
transpiration, laquelle s'opère d'autant plus vite, que
l'animal a besoin de combattre la chaleur extérieure ; de
sorte que le procédé employé dans cette circonstance
par la nature, est absolument le même que celui dont
elle a fait usage pour les Mammifères en général, et
pour l'homme en parliculier,qui jouit aussi de la faculté
NUTKITION, ANNEXES, CHALEUR ANIMALE. 19S
de transpirer; car quand le corps est échauffé, aussitôt
arrive la sueur qui rafraîchit, et le besoin des boissons
qui fournissent à cette transsudation. Seulement, dans
ce cas, c'est par une autre voie que le liquide pénètre.
On a reconnu que les Crapauds, les Salamandres,
absorbent de la même manière les gouttelettes d'eau
qui sont déposées par la rosée pendant la nui t , et que
ces animaux ont l'instinct de s'enfouir dans le sable ou
dans la terre humide pour en pomper ainsi les portions
liquides qui leur sont absolument nécessaires.
Il paraît que la nature, dans le même but que nous
venons de faire connaître, c'est-à-dire pour obvier
à l'élévation de la température des Reptiles dans
l'air, aurait accordé aux Tortues, aux Crocodiles, et
peut-être à d'autres espèces, le moyen d'introduire de
l'eau dans une toute autre cavité, pour fournir à la
transpii-ation par un procédé fort différent. Déjà
Townson avait indiqué (1) le fait que les Tortues
font entrer de l'eau dans leur cloaque : nous avions
vu nous-même une petite Tortue faire entrer et sortir,
par ce même orifice, le liquide dans lequel elle était
plongée; et depuis on a décrit et fait connaître, par
des figures (2), les canaux qui, du cloaque souscaudal
de la poche commune, dans laquelle aboutissent
tous les organes sécréteurs, viennent se rendre
dans la cavité du péritoine, pai^ des orifices qui ne pa
raissent pas avoir de valvules. C'est ce qui a porté à
(1) Loco citalo, pag. 39. Sugii aquam per anum, cum tegmen
parùm aptum sit ad absorbendum.
(2) IsiD. Ge o f p r o ï et Mabtih Saikt-Akge, Annales des Sciences
naturelles, 1828, tome x m , page 153. Sur les canaux péritoneaujs
de la Tortue et du Crocodile.
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