
des tas de blé que l'on voit parfois sur nos ports. Ces
vagues sont souvent orientées dans un môme sens,
présentant une pente douce du côté d’où vient le
vent et une pente plus abrupte du côté opposé. Poussés
par le vent, les grains de sable glissent sur le
plan incliné de la dune, arrivent au sommet où ils
produisent comme une sorte de fumée et tombent
par leur propre pesanteur, en formant sur le côté
opposé un éboulis à 45° d’inclinaison environ,
comme tous les éboulis. Les choses se passeraient
ainsi, si les vents étaient réguliers toute l’année,
mais ils changent souvent. De là bien des changements
à ce plan primitif, des croisements des lignes
de vagues et des modifications infinies. En général,
les crêtes restent vives, elles peuvent être droites ou
courbes et diversement ramifiées.
Les dunes recouvrent souvent des bas-fonds; elles
sont alors formées de sable homogène dans toute
leui épaisseur. Le sable des dunes est d’un grain
très fin et remarquable par sa régularité. Parfois le
sable a été arrêté dans sa marche par un obstacle
quelconque, montagne, colline, etc., qui émerge
encore du sable çà et là. Quelquefois ce sont des
touffes de Retam ou Calligonum, qui offrent un
obstacle au sable et commencent une petite dune,
ou même de simples plantes vivaces (Drinn, Astra-
galus Gombo, etc.). Le sable accumulé finit par
recouvrir la touffe; à la première pluie, celle-ci perce
de tous côtés sa couverture de sable, forme un nouvel
obstacle que la dune en croissant recouvre
encore, et ainsi de suite.
On a cru longtemps que les dunes étaient extrêmement
mobiles, que le vent les transportait d’un
heu à un autre et que des caravanes pouvaient
être englouties dans ces rafales de sable. C’est là une
erreur, contre laquelle s’est élevé avec raison
M. Pomel (1).
Que le sable, poussé par un sirocco sec et brûlant,
gêne considérablement la marche des caravanes et
rende la respiration difficile, rien n ’est plus certain,
mais, le calme rétabli, on en est quitte pour une
légère couche de sable et de poussière à secouer de
ses vêtements, et les plus fortes tempêtes produisent
assez peu de changement sur les dunes pour
que leurs sommets, leurs cols, leurs vallées, etc.,
aient des noms que les Sahariens se transmettent de
père en fils. En réalité, les dunes ne changent guère
de place et ne se modifient que bien lentement,
avançant ou reculant suivant le sens du vent.
Sur ces surfaces de sable pur, parfaitement uni, le
moindre insecte laisse une trace d’une netteté
remarquable.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire àpriori,
en dehors des oasis, les dunes sont les contrées les
plus plantureuses du désert. Aussi, loin de les fuir,
les caràvanes orientent toujours leur route vers
elles, sûres d’y trouver de l’eau et de l’herbe pour
les chameaux, ce que l’on chercherait vainement
dans le Reg comme dans la Hamada. Sans doute,
avec un mauvais guide on risque de s’y perdre, mais
sans elles il serait bien difficile de traverser le
désert. Ces masses de sable constituent de gigantesques
éponges où s’emmagasine la moindre averse,
bien vite descendue à un niveau assez bas pour être
(1) Pomel, Sahara, p. 19.