
repartent aresi. Le vol commence dès que le soleil
a pris une certaine force, vers huit heures du matin,
il s’arrête vers cinq ou six heures du soir, pour
recommencer le lendemain. Pendant la nuit, les sauterelles
se posent et mangent. L’importance des vols
est variable. La densité, la largeur, la durée varient
beaucoup. Dans la dernière invasion, un vol très
dense a passé pendant douze jours, consécutifs sur
la propriété de l’un de nous, sur une largeur de
200 mètres environ, sans que rien ait pu le détourner
de sa route.
Si les sauterelleà rencontrent un champ de
légumes : pommes de terre, haricots, etc., il est
dévoré en peu de temps. A. l’époque où elles arrivent,
les moissons sont généralement trop avancées et les
herbes sèches pour la plupart. Aussi craint-on surtout
pour la vigne alors en pleine végétation. C’est
là que se concentre la lutte. Ce n ’est pas que les
sauterelles aiment beaucoup la vigne, et, dans les
vignes mal tenues, elles s’attaquent de préférence
aux mauvaises herbes, mais à défaut d’autre chose
elles mangent les ceps. Elles préfèrent les cépages
blancs, et dans les cépages noirs, ceux qu elles trouvent
les plus tendres. Dans l’invasion de 1891, les
vignes bien travaillées leur convenant pour la ponte,
il était impossible de les empêcher de s’y poser.
Nous les avons vues couper des ceps gros comme le
petit doigt et finir par manger les feuilles couvertes
dre bouillie bordelaise, et même de soufre Schloesing,
qui au premier abord les avait fait fuir.
On a souvent dit que les sauterelles s’entassent
sur le sol à un décimètre et plus de hauteur. Nous
croyons qu’il faut dans ces récits faire une large
part à l’exagération. Nous ne les avons jamais vues
couvrir totalement le sol. Le plus que nous en ayons
vu, sauf dans des cas tout à fait particuliers, dus à
l’intervention de l’homme, c’est 200 par mètre
carré.
Pour la ponte, elles choisissent les terrains les plus
meubles et se réunissent en taches rondes, parfois
en lignes, suivant la nature du sol. On peut alors
les écraser sans qu’elles bougent.
Pour se défendre contre les sauterelles ailées, on
peut les écraser ou les ramasser la nuit et pendant
la ponte. On y arriverait facilement en pays très peuplé,
mais en Algérie c’est le plus souvent impraticable.
Des filets pourraient aussi arriver aies ramasser
en grande quantité et 1 on pourrait en faire de
l’engrais; toutefois ce procédé, recommandé par
M. Dessoliers, n ’a jamais été mis en pratique. On se
borne le plus souvent à faire le possible pour éviter
les pontes et l’on n ’y parvient pas toujours, les
nuages artificiels ont été tout à fait impuissants, les
sifflets de machine à vapeur ont, dit-on, écarté quelques
vols. On cherche d’ordinaire à les empecher
de se poser, en faisant le plus de bruit possible en
frappant sur des chaudrons, en les frappant à terre
avec des branches, mais inutilement bien souvent.
Un ùioyen avantageux pour les vignes est le suivant
: un certain nombre de porteurs tendent une
longue corde, d’où pendent des bandes de toile, dans
tous les intervalles des rangs de ceps qui ne sont
pas occupés par un porteur. Ces bandes balayent les
intervalles des rangs. Avec huit porteurs, on peut
ainsi balayer quinze rangs et même vingt-deux. Malgré
ces précautions, dans la majorité des-cas, les