
Le climat de la steppe est sec et chaud, si l’on s’en
tient aux moyennes annuelles, mais il est sujet à de
grandes variations. A Mecheria, vers 1400 mètres, la
moyenne de température de l’hiver a été de 1877 à
1886 de 7°,1 ; celle du printemps de 13°, de l’été de
26°, de l ’automne de 16ü,6, et enfin celle de l’année
de 16°,6. Les quantités de pluie qui y tombent sont
encore assez mal connues, mais certainement
faibles. L’air y est en général très sec. De novembre à
avril, le sol est assez humide ; bien que très sec, l’été,
il est parfois humecté par des orages de pluie ou de
grêle. La chaleur y dépasse souvent 40° à l’ombre
l’été; l’hiver, les froids de — 8° à— 12° n ’y sont pas
très rares. Les nuits y sont fraîches, presque toute
l’année. On y éprouve parfois des variations de température
de 25 à 30°, dans la même journée.
On sème parfois de l ’orge dans les dépressions à
Chih et cette culture réussit plus ou moins suivant
les années. Il est probable qu’on obtiendrait de
bien meilleurs résultats avec des labours profonds.
La steppe telle que nous venons de la décrire, la
mer d’Alfa, se relie au Tell par bien des intermédiaires.
C’est ainsi qu’en allant de Saïda, regardé
souvent comme la limite du Tell, on traverse les
vastes cultures d’Aïn-el-Hadjar, occupant d’anciens
terrains forestiers, depuis longtemps dénudés et qui
ne servaient naguère qu’au parcours des moutons.
Il existe ainsi, à la lisière des hauts plateaux, une
zone élevée assez vaste, très propre aux cultures.
Après avoir traversé cette zone, on rencontre de
grandes plaines pierreuses couvertes d’un court gazon
formé surtout par le Poa bulbosa, les Ægylops, le
Kæleria pubescens. Des thyms : Thymus lanceolatus,
Thymus algeriensis, des hélianthèmes : H. Fontanesi,
pilosum, virgalum,hirtum, rubellum, etc. L'Onobrychis
argentea, le Carduncellus peclinatus, les Stipa parvi-
flora et gigantea, YAtractylis cespitosa, les Phlomis
Herba-venti et biloba, le Passerina virgata, etc.
Dans les bas-fonds, le Galium tunetanum forme parfois
un véritable tapis. Cette zone cultivable sur bien
des points se rattache aux terrains forestiers par
des vestiges de broussailles de ballottes, d’oxycèdres,
par quelques genêts rabougris, et d’autre part passe
insensiblement à la steppe à Alfa. Elle est précieuse
pour les moutons. Comme dans la steppe, les insectes,
surtout les acridiens et les arachnides : lycoses, sol-
pugides, etc., y pullulent.
Ces mêmes terrains courtement gazonnés,un peu
secs, n ’ayant souvent qu’une faible couche de terre végétale,
où l’on rencontre presque toujours YOnobrychis
argentea et beaucoup des plantes ci-dessus énumérées,
avec quelques autres qui prédominent par
places : Acanthyllis tragacanthoides, Buta montana,
Santolina squarrosa, divers Carduncellus, etc., sont
très répandus dans la région dite des Hauts-Plateaux.
Ils fournissent aux moutons des pâturages bien plus
riches que la steppe à Alfa ; tels sont les plateaux du
Sersou.
Bien que la steppe soit surtout caractérisée par
l’Alfa, celui-ci s’étend bien en dehors de la steppe,
dans la région forestière et montagneuse, partout
où le sol bien drainé ne reçoit que des pluies peu
abondantes (30 à 40 centimètres).
D’autre part il est de véritables steppes sans Alfa
ni Chih, mais où domine tantôt une seule plante :
Peganum harmala, Passerina microphylla (celle-ci