
sans valeur. Pour mettre une forêt en exploitation,
il faut au moment de la sève enlever ce liège mâle,
c’est l’opération du démasclage. Elle revient à environ
0 fr. 10 par arbre. Cette opération est assez
délicate et réclame des ouvriers soigneux et expérimentés;
un mauvais démasclage peut diminuer de
beaucoup le rapport d’une forêt. L arbre démasclé
peut être desséché par un fort sirocco et ne saurait
résister à un incendie. Même après deux ans, ü est
encore peu protégé. On peut beaucoup diminuer ces
dangers en réhabillant l’arbre démasclé avec son
liège mâle assujetti avec des fils de fer. C est la méthode
du recouvrement, imaginée par M. Capgrand
Mothes.
Après le démasclage, l’écorce mise à vif se dessèche
plus ou moins profondément et sous cette
partie desséchée se forme une nouvelle production
de tissu subéreux, qui va s’accroître de * à 3 millimètres
par an et qui constituera le liège de reproduction,,
le seul emplové. Ce liège reste recouvert par la
partie desséchée de l’écorce, qui constitue la croûte.
Si cette croûte, toujours nuisible, est trop épaisse,
on pratique un second démasclage au bout d un an
ou deux. Le procédé du recouvrement la supprime
presque totalement. Pour que le liège soit bon à
récolter, il faut qu’il ait atteint une épaisseur suffisante,
de 20 à 31 millimètres. On pratique alors mm
première tire ou récolte. Les frais sont à peu près
les mêmes que pour le démasclage. Les tires se font
tous les huit ou- dix ans. Les premières sont de qualité
inférieure. Il est rare que l’on puisse faire des
récoltes régulières sur tout un quartier de forêt, la
croissance du liège, comme la qualité, différant beauCHÊNE
LIÈGE. 35
coup d ’un arbre à l’autre. Les lièges à croissance
rapide sont peu recherchés.
Le liège est parcouru par des canaux irréguüers,
pleins d’un tissu friable, qui laisse après nettoyage
des trous et des lacunes. Plus ces canaux seront
nombreux, moins le liège aura de valeur. Le prix
des lièges algériens varie de 40 à 120 francs les
100 kilos. Un arbre peut donner un revenu annuel de
0 fr. 20 à 0 fr. 50, et l’on peut compter sur un bénéfice
net de 25 francs par hectare environ.
Le chêne-liège peut être attaqué par divers insectes,
par les larves du Cossus et du grand Capricorne ; la
chenille du Bombyx dispar détruit parfois son feuillage
sur de grandes étendues ; une fourmi, le Crema-
togaster scutellatus creuse ses galeries dans le liège
même et y produit de grands ravages; les récoltes
de liège peuvent devenir la proie du Dermestes vul-
pinus et de larves de mites ; enfin quelques moisissures
produisent sur le liège des taches qui diminuent
beaucoup sa valeur. Certains bouchons neufs de
bonne apparence donnent aux liquides un goût de
moisi.
Toutes les forêts de la région du Chêne-liège sont
sans cesse menacées par l’incendie, il semble même
que l’épais revêtement tubéreux de cet arbre soit une
adaptation déterminée par ce fléau. Mais, en Algérie,
ces incendies, allumés et entretenus par des indigènes
fanatiques, qui y voient un moyen de lutte ou
de vengeance contre le Roumi (chrétien), sont particulièrement
fréquents et terribles. Toutes les fois que
vers le milieu de septembre arrivent des périodes de
sirocco intense, on est sûr de voir surgir tout à coup,
au milieu des plus beaux massifs, quinze, vingt foyers