
raient apporter de l’eau, mais ceux qui viennent de
la Méditerranée laissent une partie de leur humidité
sur les montagnes du Tell et des Hauts-Plateaux et,
arrivant dans les pays très chauds, sont bien éloignés
de leur point de saturation ; au lieu de laisser déposer
leur humidité, ils deviennent de plus en plus desséchants.
Il manque un réfrigérant pour leur soutirer le peu
d’eau qu’ils apportent. Les vents qui viennent de
l’Océan sont également peu riches en vapeur d’eau,
à cause d’un courant d’eau froide qui longe la côte
et qui fait que la température moyenne est la même
au cap Juby qu’à Alger. Les mêmes phénomènes se
passent encore de ce côté.
On pourrait objecter à cette théorie que la mousson
qui apporte la pluie au Soudan souffle aussi de
la mer vers un climat plus chaud, mais au Soudan
ce sont les hautes régions de l’atmosphère, plus
froides que la mer, qui condensent les vapeurs. Au
Sahara, la mousson qui vient de la Méditerranée
souffle du nord au sud et, comme l’atmosphère va
en s’échauffant à mesure que l’on se rapproche de
l’Équateur, elle ne trouve pas, même dans les régions
supérieures, un froid capable de condenser sa
vapeur.
Telles semblent être en gros les causes du climat
actuel du Sahara ; toutefois des causes locales amènent
çà et là des complications. Ainsi les Hauts-
Plateaux oranais créent, de ce côté, un petit Sahara
fonctionnant à côté du grand.
Il pleut cependant au désert, mais ces pluies,
parfois diluviennes, sont extrêmement irrégulières.
Certains points peuvent rester dix ans, peut-être même
vingt, sans être arrosés sérieusement. Les chaînes
de montagnes semblent pourtant avoir des pluies
plus régulières. L’Aïr, qui reçoit encore en été les
restes de la mousson pluvieuse du Soudan, a des
vallées verdoyantes et nourrit encore des boeufs. Il
en est de même à l’est dans le Thibesti. L’Ahaggar
a au contraire des pluies d’hiver qui viennent de la
Méditerranée. Il a même quelquefois de la neige.
Aussi y voit-on des sources d’eau vive et des cascades,
avec des poissons et même un petit lac, le lac Men-
khough. Ces montagnes agissent comme condensateurs.
Quant aux pluies, qui tombent sur les autres
parties du Sahara, elles sont dues en g'énéral à des
cyclones. L’air, élevé brusquement à de grandes hauteurs,
se refroidit par détente.
Au Sahara, le ciel est généralement très pur, à
moins qu’il ne soit obscurci par la poussière qu’emporte
le sirocco. Les nuits sont encore plus sereines
que les jours et pourtant la rosée et la gelée blanche
sont rares. Bien que la quantité pondérale de vapeur
d’eau contenue dans l’atmosphère soit parfois très
appréciable, l’état hygrométrique est toujours faible
l’été, à cause de la température. Certains jours, la
sécheresse est telle que les ongles se brisent comme
du verre, les objets encorne se fendent en lamelles,
l’encre sèche au bout de la plume, sans que l’on
puisse écrire.
La température moyenne de l’année est presque
tempérée; elle varie de 21° à 24°, suivant les localités,
mais ses variations annuelles ou même diurnes
sont énormes. Tandis que les températures de — 8°
ne sont pàs rares l’hiver, presque partout, sauf vers
l’Atlantique, le thermomètre sous abri peut atteindre