
dans les dépressions comme le Chih) ; tantôt une
série de Salsolacées avec les grands Phelippoea lutea
et violacea, tantôt des mélanges variables de plantes :
Atractylis serratuloides, Rhanterium adpressum,Zol-
likofferia spinosa, etc.
Nous ne pouvons quitter ces régions sans consacrer
quelques pages à l’Alfa, qui en est la plante la
plus importante au point de vue économique, comme
au point de vue botanique.
L Alfa. — Le mot arabe halfa est donné, suivant
les régions, à des graminées de steppes à feuilles
résistantes jonciformes à l’état sec.
Actuellement en français, ce mot a pris un sen plus
précis et ne désigne qu’une seule espèce de plante :
le Slipa tenacissima, L., très répandu dans le sud-
est de l’Espagne, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et la
Tripoli taine.
L’alfa doit être rapproché comme plante économique,
non seulement du Sennoc ou Albardine
(.Lygeum Spartum), avec lequel on le confond souvent
sous le nom de Sparte, mais aussi du Dyss (Ampe-
lodesmos tenax).
Ce sont là trois Graminées très abondantes dans le
Nord-Afrique. L’une dans le Tell et les montagnes, le
Dyss; les deux autres dans le Tell et surtout sur les
Hauts-Plateaux et le bourrelet saharien, l’alfa et le
Sennoc ou Albardine.
L’alfa ost une herbe vivace à rhizome très rameux,
formant des souches d’abord compactes homogènes,
mais devenant circulaires ou circinées par le dépérissement
des rameaux anciens du centre. Les ra meaux
périphériques qui dessinent ainsi un cercle,
s’isolent à mesure qu’ils s’éloignent et deviennent à
la longue l’origine de nouvelles touffes compactes
qui s’évident au centre, à leur tour, et forment de
nouveaux cercles si la nature du terrain le permet.
La feuille, variable avec l’âge et l’état de la plante,
a une longueur de 25 à 120 centimètres et une
moyenne de 50 à 80 centimètres. Elle est, pendant la
période de végétation, étalée d’une forme laminaire,
plane et rubanée, présentant : une face supérieure
relevée de sept fortes nervures, séparées par des
sillons profonds et toute couverte de villosités, une
face inférieure, qui par un mouvement de torsion
dans la longueur de la feuille se trouve regarder le
ciel; elle est unie, luisante, dépourvue de nervures
saillantes. Sous l’influence delà sécheresse, les deux
moitiés de la feuille se rencontrent et forment un
limbe dur, sec, jonciforme. La pointe est fine,
piquantë, légèrement scabre, souvent jaunissante
(pointe dorée des alfatiers). Sur le vif et dans la
saison humide, la couleur des feuilles est d’un beau
vert foncé; sous l’influence de la sécheresse ou de la
dessiccation, la teinte verte devient blanchâtre. Les
feuilles de l’allfa sont persistantes, elles durent au
moins deux ans, les feuilles âgées deviennent la proie
des crygtogames; cette désagrégation commence par
la pointe et gagne finalement tout le brin ; ces feuilles
noircies encombrent les souches et forment dans
bien des cas un véritable feutrage gris, à travers lequel
émergent les jeunes feuilles de l’année. Habituellement
les feuilles âgées meurent, jaunissent et
se désarticulent au point d’union du limbe avec la
gaine. L’attaque précoce des pointes par les cryptogames
dépréciant les alfas, on distingue avec soin :
1° la pointe verte ; 2° la pointe sèche aiguë (pointe