
La natalité générale, c’est-à-dire le rapport des
naissances annuelles à la population générale, peut
seule être calculée avec les documents officiels. Pour
1000 habitants français, de 1873 à 1891, on note de
33 à 33 naissances ; chez les Espagnols, on a pendant
la même période de 33 à 40 naissances.
La mortalité générale, pendant la même période de
1873 à 1891, est de 31 à 30 décès pour 1 000 habitants
français, chez les Espagnols, on notait pendant la
même période 27 à 28 décès par 1 000 habitants. Si
nous comparons les coefficients de natalité et de
mortalité, nous trouverons chez les Français un
accroissement annuel de 4,2 p. 100.
Les Espagnols sont aussi plus féconds en Algérie
que chez eux,, leur accroissement annuel étant de
8 p. 100.
A côté des populations européennes implantées, il
serait curieux de suivre le développement des Israélites,
mais depuis leur naturalisation, les registres
des mairies ne permettent pas toujours de le suivre
dans les différents actes de l’état civil. Chez eux, la
mortalité est assez élevée, surtout chez les enfants,
mais la natalité est considérable; aussi les statistiques
officielles accusent une augmentation très
sensible. En 1872, on comptait 34 574 Israélites indigènes
; en 1 896, on en a recensé 53 303 ; beaucoup ont
dû être comptés avec les Français d’origine et malgré
cela on voit que, d ’après cette marche, la population
israélite double en quarante-sept ans par l’excédent
de ses naissances sur ses décès.
Des recherches de M. Ricoux ü résulte que les nationalités
européennes fixées en Algérie bénéficient
d ’un accroissement par natalité, les Allemands seuls
font exception; pour 1000 naissances, ils présentent
1343 décès. La race germanique ne s’acclimate
donc pas dans le nord de l’Afrique, elle nous a paru
décimée par la malaria et aussi par l'alcoolisme, qui
est plus rapidement funeste qu’en Europe.
Il est naturel de rencontrer une mortalité plus
élevée chez le sexe masculin, plus exposé aux travaux
meurtriers de la colonisation et à l’alcoolisme.
La terre d’Afrique, réputée meurtrière aux Européens,
ne mérite donc plus la réputation d’insalubrité
qu’elle s’est faite pendant la période de 1830-1855.
L’ennemi de l’Européen en Algérie est la malaria;
s il y échappe, il manifeste de suite une fécondité
inconnue en Europe. La ville de Mustapha peut
donner une idée du développement que prend notre
race quand elle est implantée dans une station saine.
La population de Mustapha, qui comprenait 16416
Européens en 1886, était en 1891 de 21464, dont les
deux tiers Français. Pendant cette période, l’état civil
a emegistré 4108 naissances, 326 mort-nés et
2778 décès. Pendant ces cinq années, l’augmentation
de la, population a donc emprunté 73 p. 100 à l’immigration
et 27 p. 100 à l ’excédent des naissances sur
les décès. En 1896, la population dépassait 32000 h a bitants.
La population indigène de l’Algérie s’accroît régulièrement,
elle a passé de 2 400 000 en 1856 à
3 757 000 en 1896,
Baîtanmer et Trabut. — Algérie. 13