cette préparation, parce que l’eau fe répand dans les tiffus
cellulaires , & parce qu’il relie ordinairement dans les
vailTeaux des parties d ’eau qui interrompent l’injeélion ;
il aime mieux que l’on faffê macérer les pièces que l’on
vient d ’injeéter, dans de l’eau chaude au point que l’on
y puilTe tenir la main, car une plus grande chaleur racor-
niroit les chairs : la durée de la macération doit être proportionnée
aux circonftances, c’eft-à-dire, à la confiflance
des pièces & à leur grandeur ; par ce moyen le lang
devenant plus fluide coule plus aifément par les vaifleaux
ouverts, ces vaifleaux fe ramolliflènt pour recevoir la matière
de l’injeétion , & la pièce entière s’échauffe aflèz
pour que cette matière ne s’y refroidifle pas trop.
Suivant la copie du manufcrit de M. Ruifch que j’ai
cité page 139, cet Anatomifte dit qu’il faut mettre le
fujet dans de l’eau froide après avoir ouvert les troncs
defcendans de l’aorte & de la veine-cave, & il ajoûte
que cette opération durera un jour ou deux, après ief-
quels on verfera fur ce même fujet de l’eau chaude pendant
quatre, cinq ou fix heures, à proportion de fon âge:
enfin après l’avoir injeété on doit le mettre dans l’eau
froide, & le remuer continuellement jufqu’à ce que la
matière de i’injeétion foit refroidie, de peur que les parties
colorantes ne fe précipitent pendant que la matière
eft encore fluide. M. Monro veut que l’on prenne la
même précaution , quoique l’on fàflè chauffer cette matière
, parce que les parties colorantes pourroient s’altérer
& fe brûler fi, elles tomboient au fond du vaiffeau : il n’eft
pas néceflaire de donner à l ’efprit de térébenthine une
chaleur plus grande que celle que l’on peut fouffrir en y
plongeant le d o ig t, mais il faut prefque faire bouillir i’injeétion
ordinaire avant que de s’en fervir.
Il me fuffit d ’avoir rapporté les principaux moyens qui
ont été employez jufqu’ici pour injeé1er les pièces d’anatomie,
je craindrais de m’écarter de mon objet fi j ’entrois
dans un plus grand détail fur ce fujet.
II n ’y a que deux moyens de conferver les pièces
d ’anatomie injeétées lorfqu’on les veut garder ; l’un eft
de les plonger dans des liqueurs qui foient capables de
les préferver de la corruption, l’autre eft de les faire def-
fécher au point qu’elles ne puiflent plus fe corrompre,
6c de les garantir des infectes qui pourroient les détruire.
Je parlerai dans un autre article de la façon de conferver
dans des liqueurs toutes les parties d ’animaux fujettes
à la corruption : il ne fera ici queftion que de la manière
de deflecher les pièces d’anatomie préparées ou Amplement
diflequées , car les procédés doivent être différens
pour les chofes de nature différente , comme on le verra
dans la fuite de cet ouvrage.
Après avoir injeété les pièces d’anatomie & après les
avoir fait refroidir avec toutes les précautions qui ont été
indiquées, on doit les foigner comme des pièces qui
auraient été Amplement diflequées, & le procédé ferait
le même pour toutes les chairs d ’animaux que l’on voudrait
garder ; il faut les expofer à l’air pour faire évaporer
& pour deflecher les liquides qu’elles contiennent ; mais
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