cette même continuité de fort dans un corps non élaftique
& incapable de former des vibrations, il faudra le frapper
de plufieurs coups égaux, fucceffifs & très-prompts,
e ’eft le feul moyen de donner un ton au fon que produit
ce corps, & la répétition de ces coups égaux pourra faire
dans ce cas ce que fait dans l’autre la fucceffion des vibrations.
E n confidérant fous ce point de vue la production du
fon & des différens tons qui le modifient, nous recon-
noîtrons quepuifqu’il ne faut que la répétition-de plufieurs-
coups égaux fur un corps incapable de vibrations pour
produire un to n , fi l’on augmente le nombre de ces coups
égaux dans le même temps, cela ne fera que rendre le ton
plus égal & plus fenfible, fans rien changer ni au fon, ni à.
la nature du ton que-ces coups produiront, mais qu’au contraire
fi on augmente la force des coups égaux, le fon deviendra
plus fo r t, & le ton pourra changer ; par exemple ^
fi la force des coups eft double de la première, elle produira
un effet double, c ’eft-à-dire, un fon une fois plus fort
que le premier, dont le ton fera à l’oélave, il fera une fois
plus grave, parce qu’il appartient à un fon qui eft une fois-
plus fo rt, & qu’il re eft que l’effet continué d ’une force
double ; fi la force, au lieu d ’être double de la première ,,
eft plus grande dans un autre rapport, d ie produira des
fons plus forts dans le même rap p o rt, qui par confé-
quent auront chacun des tons proportionnels à cette quantité
de force du fo n , o u , ce qui revient au même, de la
force des coups qui le produifent,. & non pas de la fié -
DE L' H 0 M M E.
quence plus ou moins grande de ces coups égaux.
Ne doit-on pas confidérer les corps élaftiques qu’un
feul coup met en vibration, comme des corps dont la figure
ou la longueur détermine précifément la force de ce
coup, & la borne à ne produire que tel fon qui ne peut être
ni plus fort ni plus foible ! qu’on frappe fur une cloche un
coup une fois moins fort qu’un autre coup, on n ’entendra
pas d ’aulfi loin le fon de cette clo ch e, mais on entendra
toujours le même ton ; il en eft de même d ’une corde d infiniment
, la même longueur, donnera toujours le meme
ton ; dès-lors ne doit-on pas croire que dans l ’explication
qu ’on a donnée de la produétion des différens tons par le
plus ou le moins de fréquence des vibrations , on a pris
l’effet pour la caufe î car les vibrations dans les corps fo~
nores ne pouvant faire que ce que font les coups' égaux repétez
fur des corps incapables de vibrations, la plus grande
ou la moindre fréquence de ces vibrations ne doit pas
plus faire à l’égard des tons qui en réfultent, que la répétition
plus ou moins prompte des coups fucceffifs doit faire
au ton des corps non fonores : or cette répétition plus ou
moins prompte n’y change rie n , la fréquence des vibrations
ne doit donc rien changer non plus, & le ton qui dans
le premier cas dépend de la force du coup, dépend dans le
fécond delamafle du corps fonore; s’il eft une fois plus
gros dans la même longueur ou une fois plus long dans la
même grolfeur, le ton fera une fois plus grave , comme
il l’eft lorfque le coup eft donné avec une fois plus de
force fur un corps incapable de vibrations.