lieu à ce que ies Anciens ont écrit au fujet des hommes
acéphales, cynocéphales, &c.
Les Sauvages du Brefil font à peu près de la taille des
Européens, mais plus forts, plus rohuftes & plus difpos ;
ils ne font pas fujets à autant de maladies , & ils vivent
communément plus long-temps: leurs cheveux, qui font
noirs , blanchiffent rarement dans la vieillelfe ; ils font
balànez, & d ’une couleur brune qui tire un peu fur le
rouge ; ils ont la tête g reffe, les épaules larges & les
cheveux longs ; ils s’arrachent la barbe , le poil du corps,
& même les fourcils & les cils , ce qui leur donne un
regard extraordinaire & farouche ; ils fe percent la lèvre
de deffous pour y paffer un petit os poli comme de l’ivoire,
ou une pierre verte affez greffe ; les mères écrafent le
nez de leurs enfàns peu de temps après la naiffance ; ils
vont tous abfolument nus , & fe peignent le corps de
différentes couleurs *. Ceux qui habitent dans les terres
voifines des côtes de la mer, fe font un peu civilifez
par le commerce volontaire ou forcé qu’ils ont avec les
Portugais, mais ceux de l’intérieur des terres font en co re,
pour la plupart, abfolument làuvages ; ce n’eft pas même
par la force & en voulant les réduire à un dur efclavage,
qu ’on vient à bout de les policer, les miffions ont formé
* Voyez le voyage fait au Brefil, par Jean de Lery. Paris, 1 y y 8, p.
j 0 8; le voyage de Coreal, Tome l,pa ge 1 6y I f fuivantes; les mémoires
pour lèrvir à I’hiftoire des Indes, l y o 2 , page 2 8 y ; l’hiltoire des Indes
de MafFe'e, Paris, 1 6 6 p , page y i ; la féconde partie des voyages de
Pyrard, Tome I I, page 3 3 y ; les Lettres édifiantes,. Recev.il X V , page
g j i , I fc .
plus d ’hommes dans ces nations barbares, que les armées
viélorieufes des Princes qui les ont fubjuguées : le Para-
guai n’a été conquis que de cette façon ; la douceur, le
bon exemple, la charité: & 1 exercice de la vertu , conf-
tamment pratiquez par les Miffionnaires, ont touche ces
Sauvages , & vaincu leur défiance & leur férocité, ils
font venus Ibuvent d ’eux-memes demander a connoitre
la loi qui rendoit les hommes fi parfaits, ils fe font fournis
à cette loi & réunis en fociete : rien ne fait plus
d ’honneur à la religion que d avoir civilife ces nations &
jeté les fondemens d ’un empire, fans autres armes que
celles de la vertu.
Les habitans de cette contrée du Paraguai ont communément
la taille affez belle & affez elevee , ils ont le
vifage un peu long & la couleur olivâtre a. Il règne quelquefois
parmi eux une maladie extraordinaire , c’eft une
efpèce de lèpre qui leur couvre tout le corps, & y forme
une croûte femblable à des écailles de poiffon ; cette
incommodité ne leur caufe aucune douleur, ni même
aucun autre dérangement dans la lànté b.
Les Indiens du Chili fo n t, au rapport de M. Frezier,
d ’une couleur bafanée, qui tire un peu fur celle du cuivre
ro u g e , comme celle des Indiens du Pcrou : cette couleur
eft différente de celle des mulâtres ; comme ils viennent
d ’un blanc & d’une négreffe, ou d ’une blanche & d ’un
1 Voyez les voyages deCored,TomeI, pages 2 g. 0 I f 2 p p; les Lettres
édifiantes, Recueil X I,pa ge y p 1 , R e cu e ilX I I , page 6 .
b Voyez les Lettres édifiantes, Recueil X X V , page 1 2 2 . Sffij