qu’un jour ou deux de repos pour fe rétablir, elles font très-
bonnes nourrices, & elles ont une très-grande tendrefle
pour leurs enfans, elles fontaufli beaucoup plus fpirituelles
& plus adroites que les hommes, elles cherchent même
à fe donner des vertus, comme celles de la difcrétion &
de la tempérance. Le Père du Jaric dit que pour s’accoutumer
à manger & parler p eu , les Nègreffcs Jalofes
prennent de l’eau le matin & la tiennent dans leur bouche
pendant tout le temps qu’elles s’occupent à leurs affaires
domeftiques, & qu’elles ne la rejettent que quand l’heure
du premier repas eft arrivée *.
Les Nègres de l’iffe de Gorée & de la côte du Cap-
verd, font, comme ceux du bord du Sénégal, bien faits
& très-noirs, ils font un fi grand cas de leur couleur, qui
eft en effet d ’un noir d ’ébène profond & éclatant, qu’ils
méprifent les autres Nègres qui ne font pas fi n o irs,
comme les Blancs méprifent les bafanez; quoiqu’ils foient
forts & robuftes, ils fonttrès-parefleux, ils n ’ont point de
bled, point de vin, point de fruits, ils n e vivent que de
poiflon & de millet, ils ne mangent que très-rarement
de la viande, & quoiqu’ils aient fort peu de mets à choifirH
ils ne veulent point manger d ’h e rb e s, & iis comparent
les Européens aux chevaux parce qu’ils mangent de
l’herbe ; au refte ils aiment paifionnément l’eau de vie v
dont ils s’enivrent fouvent, ils vendent leurs enfans, leurs
parens , & quelquefois ils le vendent eux - mêmes pour
* Voyez la troifième partie de l’hiftoire par le Père du Jaric
page 3 g;,
en a v o ira. Ils vont prefque nuds, leur vêtement necon -
lifte que dans une toile de coton qui les couvre depuis
la ceinture jufqu’au milieu de la cuifl'e , c ’eft tout ce que
la chaleur du pays leur p e rm e t, difent- ils , de porter fur
eux b ; la mauvaife chère qu’ils font & la pauvreté dans
laquelle ils vivent, ne les empêchent pas .d’être contens
& très-gais, ils croient que leur pays eft le meilleur & le
plus beau climat de la t e r r e q u ’ils font eux - mêmes les
plus beaux hommes de l’Univers, parce qu’ils font les
plus noirs, & fi leurs femmes ne marquoient pas du goût
pour les blancs ils en feroient fort peu de cas à caufe de
leur couleur.
Q u o iq u e les Nègres de Sierra-Liona ne foient pas tout-
à-fait auflï noirs que ceux du Sénégal, ils ne font cependant
pas, comme le, dit Struys, Tome I.page 2 2 , d ’une
couleur rouffeâtre & bafanée , il font comme ceux de
Guinée d ’un noir un peu moins foncé que les premiers ;
ce qui a pû tromper ce voyageur, c’eft que ces Nègres de
Sierra Liona & de Guinée fe peignent fouvent tout le
corps de rouge & d ’autres couleurs, ils fe peignent auftt
le tour des yeux de blanc, de jaune, de rouge, & fe font
des marques & des raies de différentes couleurs fur le vi-
fage , ils fe font auffi les uns & les autres déchiqueter la
peau pour y imprimer des figures de betes ou de plantes;
les femmes font encore plus débauchées que celles du
* Voyez le voyage de M. de Germes par M. Froger. Paris, i 6ÿ g,■
page i ) & fuivantes.
b Voyez ks Lettres édifiantes. Recueil X I . pages 4.8 & 4 ÿ .
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