bords de l’ouverture du récipient font revêtus, mais
aulfi on étoit alfuré d ’avoir une injeétion ferme & durable,
on pouvoit même découper le jet de façon qu’on
avoit la figure des vailfeaux modelée en métal.
M. Rouhault expofa en 1718 *, que la matière des
injeélions dont on fe fervoit ordinairement, étoit un mélange
de fain-doux, de cire blanche, de fuif de mouton
& de térébenthine, ou d ’efprit de térébenthine chargé
d ’un peu de cire: on épuifoit le fang des vailfeaux def-
tinez à être injeétez, & on les tenoit chauds par le moyen
de l’eau tiède ou de linges échauffez, enfuite on injeéloit
la liqueur le plus chaudement qu’il étoit polfible : malgré
toutes ces précautions pour entretenir la chaleur, la liqueur
fe refroidilfoit & fe figeoit avant que d’arriver dans les
petits vailfeaux, d’ailleurs elle étoit trop épailfe, quoique
chaude, pour pénétrer dans les vailfeaux capillaires. M.
Rouhault, après avoir éprouvé différentes matières,préféra
la colle de gand&la colle de poilfon fondues dans l’eau,
ce mélange réulfit au point que l’injeétion pénétrait dans
tous les vailfeaux d ’un placenta, & fortoit même par
l ’extrémité de ceux qui font ouverts pour s’aboucher à
la matrice, comme le penfoit cet auteur; en injeélant
cette même liqueur par les carotides, elle pénétroit jufque
dans les vailfeaux de la fubflance corticale du cerveau.
M. Rouhault avoit fait les expériences en 1 7 1 6 , &
ayant examiné en 1718 des pièces injeétées par M.,
Ruifch, qui avoient été apportées à l’Académie , il crut
* Voyez les Mém. de l’Acad. des Sciences de cette année, p. 21 <j.
reconnoître qu’il n ’étoit point entré de cire dans ces
injeélions; cette remarque lui fit foupçonner que la nouvelle
façon d ’injeéter avec la colle, n’étoit peut être pas
fort différente de celle de M. Ruifch : ce grand Anato-
mille avoit depuis long temps la réputation d ’exceller
dans les préparations anatomiques , il avoit trouvé le
moyen d ’injeéler tous les vailfeaux fanguins, & il en
avoit découvert qui n’auraient jamais été aperçus fans une
injeélion aulfi parfaite ; un fi grand fuccès faifoit fouhai-
ter à tous les Anatomifles de connoître le procédé de
M. Ruifch, mais il fe refufa toûjours à leurs defirs, &
ce n’a été que par un événement fingulier qu’il communiqua
fon fecret. Le Czar Pierre I ayant vû en palfant à
Amllerdam les pièces qu’il avoit préparées, le détermina
à les lui vendre, & de plus à lui donner le détail de fon
procédé: le cabinet fut bien-tôt tranfporté à Péterfhourg,
& le manuferit qui contenoit la méthode d ’injeéler &
de préparer les corps pour les démonllrations anatomiques
, fut dépofé dans la bibliothèque de l’univerfité de
Péterfhourg. Suivant les copies que l ’on prétend être
conformes à ce manuferit * , M. Ruifch dit clairement
que la matière dont on fe fervira pour faire les injeélions,
ne fera en hiver que du fuif fimple que l’on colorera avec
du cinabre faétice, auquel il faudra ajoûter un peu de cire
blanche en été : cela fuppofé, la pièce qui avoit été
examinée par M. Rouhault aurait été préparée en hiver ,
puifqu’il n’y avoit point reconnu de cire ; mais il n’y a
* Voyez le Dictionnaire de Médecine au mot Injccllo.
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