où il avoit gardé de l’efprit de vin félon ce p ro céd é,
pendant dix à onze mois.
Par rapport à la façon de fermer ces bocaux il ne s’agit
plus de trouver des matières qui réfiffent à l’efprit de
v in , il fuffit d ’empêcher feulement l’huile de fuinter, rien
n ’eft plus facile, un bon parchemin bien ficelé eft capable
de la retenir; pour le rendre plus fort & plus durable
on peut l’enduire en dehors d ’une couche de cé-
rufe broyée à la colle , & y appliquer enfuite une ou
plufieurs couches de vernis compofé de gommes, que
les huiles groffières ne peuvent pas diffoudre : lorfque
les bocaux ont beaucoup de hauteur, il ferait à craindre
qu’un fimple parchemin ne fût pas alfez fort pour foûte-
nir le poids de la liqueur, dans ce cas il faut mettre de
plus un bouchon de liège & avant que de le recouvrir
avec un parchemin, on l’enduira d ’un lut fait avec quelque
matière convenable ; plus l’huile fera épaiffe, plus il fera
aifé de la retenir, M. de Reaumur donne un moyen de
l’épaiffir en l’expofant à l’air dans des cuvettes de plombi
il ne faut y en mettre que de l’épaiffeur de deux ou trois
lignes, elle perdra prefque toute fa fluidité en deux ou
trois mois d ’été ; mais quelque fluide que puiffe être
l’hu ile, on n’aura plus à craindre qu’elle paffe au travers
du bouchon fi on met une couche d ’eau entre les deux,
ce qui eft très-poffible, parce que l’eau eff fpécifiquement
plus pelante que l’huile ; par conféquent fi on verfe de
l’eau dans un bocal, enfuite de l’huile, & enfin de l’efprit
de vin bien reétifié, ces trois liqueurs refieront les unes
fur
fur les autres dans le même o rd re , fans fe mêler. Le bo cal
étant fermé, on doit prendre garde en le renverfant
que l’efprit de vin & l’eau ne fe rencontrent, parce que
ces deux liqueurs fe mêleraient à l’inftant ; il faut donc
ménager cette opération de façon que la couche d ’huile
touche les parois du vaiffeau par tous les points de fa circonférence,
foit qu’elle s’étende ou fe raccourciffe, félon
les différentes inclinaifons que prend fon plan pendant
que l ’on renverfe le bocal ; on peut y réuffir aifément
avec un peu d ’adreffe & d ’attention, mais quand même
il fe mêlerait quelques parties d ’efprit de vin avec l ’eau,
il n’y aurait pas un grand inconvénient, pourvu que ce ne
fût pas en affez grande quantité pour que l’eau devînt plus
légère que l’huile, ou pour qu’elle pénétrât au travers du
bouchon comme le pourrait faire l’efprit de vin. M. de
Reaumur fe contente de dire qu’il y aurait des moyens
d ’introduire de l’eau plus pure dans le b o c a l, mais il
n ’en rapporte aucun, parce qu’il ne croit pas qu’il foit
néceffaire d ’y avoir recours.
Par ce nouveau procédé le bouchon du bocal n’aura
que de l’eau à retenir, il eft beaucoup plus facile de l ’arrêter
que l’huile; mais fuppofé que l’huile touchât immédiatement
à un fimple bouchon de liè g e , M. de
Reaumur l’empêche de s’écouler en pofànt le bocal ren-
verfé dans une cuvette où il y a feulement affez d ’eau pour
couvrir les bords du vaiffeau ; quand même le bouchon
Viendrait à fe pourrir, l’huile ne s’échappera pas fi on a eu
la précaution de l’enfoncer affez dans le bocal pour qu’il
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