du Nord ; au lieu que dans toutes les nations voifines,
comme à la C h in e , en Perfe3, où les femmes font belles,
les hommes font jaloux à l’excès.
En examinant tous les peuples voifins de cette longue
bande de terre qu’occupe la race Lapponne, on trouvera
qu’ils n ’ont aucun rapport avec cette race ; il n ’y a que les
Ofliaques & les Tongufes qui leur reffemblent ; ces peuples
touchent aux Samoïedes du côté du midi & du fud-efl.
Les Samoïedes & les Borandiens ne reffemblent point aux
Ruffiens, les Lappons ne reffemblent en aucune façon aux
Finnois , aux G o ts , aux D a n o is , aux Norvégiens ; les
Groenlandois font tout auffi différens des Sauvages du Canada;
ces autres peuples font grands, bien-faits , & quoiqu’ils
foient affez différens entre eux , ils le font infiniment
plus des Lappons. Mais les Ofliaques femblent être
des Samoïedes un peu moins laids & moins raccourcis que
les autres, car ils font petits & mal-faits b , ils vivent de
poiffon ou de viande c ru e , ils mangent la chair de toutes
les efpèces d ’animaux fans aucun apprêt, ils boivent plus
•volontiers du fang que de l’eau, ils font pour la plupart
idolâtres & errans, comme les Lappons & les Samoïedes ;
* La Boulaie dit qu’après la mort des femmes du Schach l’on ne
tait où elles font enterrées, afin de lui ôter tout fujet de jaloufie, de
même que les anciens Egyptiens ne vouloient point faire embaumer
leurs femmes que quatre ou cinq jours après leur mort, de crainte que
les Chirurgiens n’euflent quelque tentation. Voyage de la Boulaie ,
page 1 1 o.
b Voyez le voyage d’E vertifbrand, page a i a , a i y , dfc. & les
nouveaux Mémoires fur l’état de la Ruffie, 1725. Tome 1, page a y o .
enfin ils me paroiffent faire la nuance entre la race Lapponne
& la race Tartare, ou, pour mieux dire, les Lappons,
les Samoïedes, les Borandiens, les Z embliens, & peut-
être les Groenlandois & les Pygmées du nord de l’Amérique,
font des Tartares dégénérez autant qu’il efl poffibie,
les Ofliaques font des Tartares qui ont moins dégénéré;
lesTongufes encore moins que les Ofliaques, parce qu’ils
font moins petits & moins mal-faits , quoique tout auffi
laids. Les Samoïedes & les Lappons font environ fous le
68 ôu 69 “' degré de latitude, mais les Ofliaques & les
Tongufes habitent fous le 6omc degré ; les Tartares qui
font au yymc degré le long du Volga, font greffiers, flu-
pides & brutaux, ils reffemblent aux Tongufes, qui n’o n t,
comme eux, prefque aucune idée de religion, iis ne veulent
pour femmes que des filles qui ont eu commerce avec
d ’autres hommes.
La nation Tartare prife en général occupe des pays
immenfes en A fie , elle efl répandue dans toute l’étendue
de terre qui efl depuis laRuffie jufqu’àKamtchatka, c’eft-
à-dire, dans un ëfpaee de onze ou douze cens lieues en
longueur fur plus de fept cens cinquante lieues de largeur ,
cè qui fait un terrein plus de vingt fois plus grand que
celui dela France. Les Tartares bornent la Chine du côté
du nord & de l’ouefl, les royaumes de Boutan , d ’A v a ,
l’Empire du Mogol & celui de Perfe jufqu’à la mer
Cafpienne du côté du nord, ils fe font auffi répandus le
long du Volga & de la côte occidentale de la mer Cafpienne
jufqu’au Dagheflan, ils ont pénétré jufqu’àla côte
B b b ij