On ne trouve donc des Nègres que dans les climats dé
h terre où toutes les circonftances l-bnt réunies pour produire
une chaleur confiante & toujours exceflive ; cette
chaleur eft fi néceflaire, non feulement à la produétion ,
mais même à la confervation des Nègres, qu’on aobfervé
dans nos ifles où la chaleur, quoique très-forte, n ’eft pas
comparable à celle du Sénégal, que les enfans nouveaux-
nez des Nègres font fi fufceptibles des impreflions de l’a ir,
que l’on eft obligé de les tenir pendant les neuf premiers
jours après leur naiflance dans des chambres bien fermées
& bien chaudes ; fi l’on ne prend pas ces précautions, &
qu ’on les expofe à l’air au m oment de leur naiffance, il leur
furvient une con vuifion à la mâchoire, qui les empêche de
prendre la nourriture, & qui les fait mourir. M. Littré, qui
fit en 1702 la diffeétion d ’un Nègre, obferva que le bout
du gland qui n’étoit pas couvert du prépuce, étoit noir
comme toute la peau, & que le refte qui étoit couvert
étoit parfaitement blanc* : cette obfervation prouve que
l ’aélion de l’air eft néceflaire pour produire la noirceur
de la peau des Nègres; leurs enfans naiflent blancs, ou
plutôt rouges, comme ceux des autres h ommes, mais
deux ou trois jours après qu’ils font n e z , la couleur change »
ils paroilfent d ’un jaune bafané qui fe brunit peu à p e u ,
& au feptième ou huitième jour ils font déjà tout noirss
O n fait que deux ou trois jours après la naiflance tous
les enfans ont une elpèce de jaunilfe, cette jauniflè dans
- * Voyez THiftoire de l’Académie des Sciences, année i /o2 ,
fage3 2.
lés blancs n’a qu’un effet paflàger, & ne laiffe à la peau
aucune impreflion ; dans les Nègres au contraire, elle
donne à la peau une couleur ineffaçable, & qui noircit
toujours de plus en plus. M. Kolbe dit avoir remarque
que les enfans des H o tten to ts, qui naiflent blancs comme
ceux d’E u ro p e, devenoient olivâtres par 1 effet de cette
jaunilfe qui fe répand dans toute la peau trois ou quatre
jours après la naiflance de l’enfant, & qui dans la fuite ne
difparoît plus : cependant cette jaunilfe & l’impreflion
aétuelle de l’a im e me paroi ffent être que des caufesoc-
cafionnelles de la noirceur, & non pas la caufe première ;
car on remarque que les enfans des N èg res, ont dans le
moment même de leur naiflance, du noir a la racine des
ongles & aux parties génitales : l’aélion de l’air & la jau-
niffe ferviront, fi l’on veut, à étendre cette couleur, mais
il eft certain que le germe de la noirceur eft communiqué
aux enfans par les pères. & mères, qu’en quelque pays
qu’un Nègre vienne au m o n d e , il fera noir comme s’il
étoit né dans fort propre pays, & que s’il y a quelque
différence dès la première génération, elle eft fi infcnfible
qu’on ne s’en eft pas aperçu. Cependant cela ne fuffit
pas pour qu’on foit en droit d ’affurer qu’après un certain
nombre de générations, cette couleur ne changerait pas
fenfiblement, il y a au contraire toutes les rations du
monde pour préfumer que comme elle ne vient originairement
que de l’ardeur du climat & de l’aétion long-temps
continuée de la chaleur, elle s'effacerait peu à peu p3r lar
température d ’un climat fro id , & que par conféquent, fi ,
Y u u ij