couper lorfqu’ils font petits à un certain point, d ’ailleurs
ils changent de fituation à mefure q,u’on les difsèque, &
après la diffeclion il n’eft guère pôlfible de reconnoître
leur vraie direction : on a fçu prévenir ces inconvéniens
par le moyen de l’injeétion, mais il ne fuffit pas pour
cet effet d ’injeéter une liqueur qui pourroit s’évaporer, fe
filtrer à travers les tuniques des vaiffeaux, ou s’échapper
par la première ouverture qui s’y trouveroit, il faut auffi
employer une matière en fufion qui fe coagule & fe durciffe
en refroidiffant.
On emploie donc deux fortes de liqueurs, les unes
relient fluides & les autres doivent fe coaguler; les premières
ne. fervent ordinairement que pour rendre apparens
les vaiffeaux capillaires dans lefquels elles pénètrent, les
fécondés maintiennent les gros vaiffeaux dans leur figure
& dans leur pofition naturelle : on efl obligé de faire ces
deux injections fucceffivement lorfqu’on veut remplir les
gros & les petits vaiffeaux, parce que la fufion ferait ou
trop épaiffe ou trop tô t épaiffie par le refroidflfement pour
arriver jufqu’à ceux qui font capillaires ; il faut donc commencer
par y injeéter un fluide qui.puiffe y parvenir, &
qui foit pouffé jufqu’aux extrémités par le moyen de la
fufion que l’on injeéle enfuite, & qui doit fe coaguler dans
le gros vaiffeau : il efl encore néceffaire de colorer les matières
que l’on injeéle, afin de rendre les petits vaiffeaux
plus fenfibles ; ils ont fi peu d ’épaiffeur que fans cette
précaution ils demeureraient tranfparens, même après
avoir été injeétez.
Au refie cet art des injeélions anatomiques, quoique
affez nouveau , efl déjà parvenu à un grand point de
perfeélion , mais ce n ’a été qu’après plufieurs tentatives;
il y avoit beaucoup de choix à faire pour les matières
que l’on devoit employer, & de grandes précautions à
prendre pour le fuccès des opérations : en effet on conçoit
aifément que ce n ’eft qu’avec bien de la difficulté
qu’une liqueur introduite dans l’aorte peut paffer dans la
veffie, dans les vaiffeaux lymphatiques, dans les glandes,
& arriver jufqu’aux vaiflèaux excrétoires de la peau, auffi
le fuccès n’efl-il pas toujours heureux; il fe trouve fou-
vent des obftacles dans l’intérieur, qu’il n’eft pas poffi-
ble de prév o ir, & qui rendent inutiles toutes les précautions
indiquées par l’expérience : les Chymifles font
venus au fecours des Anatomifles pour perfeétionner
l’art des injeélions, les uns & les autres ont fuivi des
procédés fort ingénieux, je vais rendre compte des principaux/
je les rapporterai félon l’ordre des temps.
M. Homberg * convient qu’une liqueur compofée de
cire, de mercure & de térébenthine, tenue en état de
liquidité par le moyen du feu , efl affez fluide pour pénétrer
jufqu’aux extrémités des vaiffeaux, mais il prétend
que ce même compofé n ’acquiërt pas affez de confif-
tance par le refroidiflëment pour fe foûtenir dans les
vaiffeaux, lé moindre froid fait caffer la cire mêlée avec
la térébenthine; il y a d ’ailleurs un autre inconvénient,
le mercure s’écoule à l’inflant s’il fe trouve la moindre
* Mémoires de l’Académie royale des Sciences, année i éyy.p. 1