n ’ont| pas les traits fi durs ni fi laid s, leur corps n’a point
de mauvaife odeur , & ils ne peuvent fupporter la lervi-
tude ni le travail; le Pere Charlevoix dit qu’on a vu en
Amérique de ces noirs du Monomotapa & de Mada-
gafcar, qu ils n ont jamais pu fervir & qu’ils y périlfent
même en fort peu de temps 3.
Ces peuples de Madagafcar & de Mofambique font
noirs , les uns plus & les autres moins, ceux de Madagafcar
ont les cheveux du fommet de la tête moins crépus
que ceux de Mofambique , ni les uns ni les autres ne
font de vrais N èg res, & quoique ceux de la cote foient
fort fournis aux Portugais , ceux de l’intérieur du continent
font fort làuvages & jaloux de leur liberté , ils vont
tous abfoiument nus, hommes & femmes, ils fe nourrif-
fent de chair d ’éléphant & font commerce de l’ivoire b.
Il y a des hommes de differentes efpèces à Madagafcar,
fur-tout des noirs & des blancs q u i, quoique fort bafanez
femblent être d ’une autre race ; les premiers ont les cheveux
noirs & crépus , les féconds les ont moins n o irs,
moins frifez & plus longs : l’opinion commune des
voyageurs eft que ces blancs tirent leur origine des
Chinois , mais, comme le remarque fort bien François
Cauche , il y a plus d ’apparence qu’ils font de race
Européenne, car-il afiiire que de tous ceux qu’il a vus, *
* Voyez l’hiftoire de Saint-Domingue, page 4 3 p .
Voyez te recueil des voyages, Tome 111, page 6 23 ; te voyage
de Moquet, page 2 {3 ; & la navigation de Jean Hugues Lintlcot,
page 2 0.
aucun n’avoit le nez ni le vifage plats comme les Chinois ;
il dit aulfi que ces blancs le font plus que les Caftillans,
que leurs cheveux font longs , & qu’à l ’égard des noirs
ils ne font pas camus comme ceux du continent,& qu’ils
ont les lèvres alfez minces ; il y a aulfi dans cette iffe une
grande quantité d ’hommes de couleur olivâtre ou balanée,
ils proviennent apparemment du mélange, des noirs &
des blancs : le voyageur que je viens de citer dit que ceux
de la baie de Saint-Auguftin font bafanez, qu’ils n’ont
point de barbe , qu’ils ont les cheveux longs & lilfes,
qu’ils font de haute taille & bien proportionnez , & enfin
qu ’ils font tous circoncis, quoiqu’il y ait grande apparence
qu ’ils n’ont jamais entendu parler de la loi de Mahomet,
puifqu’ils n’ont ni temples, ni mofquées, ni religiona. Les
François ont été les premiers qui aient abordé & fait un
établiffement dans cette iffe qui ne fut pas foutenu b ;
lorfqu’ils y defeendirent , ils y trouvèrent les hommes
blancs dont nous venons de parler , & ils remarquèrent
que les noirs qu’on doit regarder comme les naturels du
pays, avoient du relpeél pour ces blancsc. Cette iffe de
Madagafcar eft extrêmement peuplée & fort abondante
en pâturages & en bétail, les hommes & les' femmes font
fort débauchez, & celles qui s’abandonnent publiquement
ne font pas deshonorées, ils aiment tous beaucoup à
* Voyez le voyage de François Cauche. Paris, 1 6 j t ,page 4 3 .
b Voyez le voyage de Flacour. Paris, 1 6 6 1 .
5 Voyez la relation d’un voyage fait aux Indes par M Delon. Am-
Jlerdam , 1 6pp.