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exercé à colorier <Sc à modeler la cire, avoit juge qu il
pourrait repréfenter des difle6lions anatomiques, & en
effet il les repréfenta avec fuccès. Le Sculpteur la Croix
y réulfit auffi bien que lui, car ce fut la Croix qui travailla
fous Defnoües apres i’Abbe Z.umbo, & le jugement
de l’Académie ne fut pas moins favorable pour les pièces
que Delnoües lui préfenta & qu’il avoit faites avec la
Croix, que pour la tête que le meme Defnoües avoit
faite avec l'Abbé Zumho.
Quoi qu’il en foit, mon objet n’eft pas de rechercher
quel efi le premier inventeur des pièces d anatomie modelées
en cire colorée, je me propole plutôt d examiner
s’il y a lieu d ’elpcrer d ’avoir à préfent de ces ouvrages
auffi bien faits que ceux que Defnoües a fait voir au public.
Il avoit en différentes pièces féparées les mufcles, les
vaiffeaux fànguins, les nerfs , la plupart des vifeères, les
parties de la génération de l’un & de 1 autre fexe, & une
femme en état de groffeffe dont on pouvoit voir la matrice
à découvert. Ce Chirurgien ayant obtenu la per-
miffion d ’expofer aux yeux du public cette fuite d anatomie
, & d ’en tirer une rétribution, il y eut chez lui une
très-grande affluence, & cette efpèce de cunohté dura
près de vingt années; après ce temps l’empreffement du
public s’étant ralenti, & d ’ailleurs la Croix ayant quitte alors
Defnoües pour travailler fous le fameux du Verney a
faire umeerveau en cire pour le Czar Pierre Ier , dans cés
circon ffances D efnoües prit le parti de faire tranfporter fés
pièces d ’anatomie à Londres fous la conduite de deux de
Description du Cabinet. 217
fes neveux, il mourut peu de temps après, & fes neveux
vendirent auffi-tôt toutes les cires à des particuliers de
L o n d re s, qui en ont encore aujourd’hui la plus grande
partie : j’entends tous les jours des perfonnes qui les
regrettent, & qui croient qu’il n’eft pas poffïble de réparer
cette perte; mais après avoir pris connoiffance des procédés
dont dépend le fuccès de ce travail, je crois que
l’on peut efpérer d ’avoir à préfent des pièces d anatomie
en c ire , meilleures que celles que 1 on a vues du temps
de Defnoües.
L a première opération eft purement anatomique, on
commence par difféquer fur le corps humain la partie
que l’on veut repréfenter, & lorfque tout y eft diftinél
& difpofé dans la fituation la plus convenable, on la
couvre d ’une couche de plâtre gâché, après l’avoir frottée
d ’une matière graffe pour empêcher que le plâtre ne s’y
attache; on a foin de l’appliquer de façon qu’il puiffe
s’infmuer dans les plus petites cavités, pour cela il faut
qu’d foit liquide à un certain point : on doit choifir le
plâtre le plus fin, après l’avoir fait calciner dans le four
on le paffe dans un tamis de foie. 11 ne faut pas moins
de précaution pour gâcher ce p lâtre, les Artiftes font
fcrupuleux au point de croire que fi on l’agite en diff'é-
rens fens en le gâchant, il fe tourne comme le lait qui a
fermenté; ils veulent qu ’on le remue circulairement, de
peur, difent - ils, de le fatiguer : la couche de plâtre qui
environne la préparation anatomique, doit être plus ou
moins épaiffe à proportion de fon étendue , & meme on
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