plupart des femmes, des grâces qu’on ne voit pas ailleurs,
elles font grandes, bien faites, extrêmement déliéès à la
ceinture , elles ont le vifage charmanta. Les hommes
font aulfi fort beauxb, ils ont naturellement de l’elprit &
ils feraient capables des fciences & des arts, mais leur
mauvaife éducation les rend très-ignorans & très-vicieux,
& il n ’y a peut-être aucun pays dans le monde où le libertinage
& l’ivrognerie foient à un fi haut point qu’en G éorgie.
Chardin dit que les gens d ’églife, comme les autres,
s’enivrent très - fouvent & tiennent chez eux de belles
efclaves dont ils font des concubines ; que perfonne n ’en
eft fcandalife, parce que la coutume en eft générale &
meme autorifee, & il ajoute que le Préfet des Capucins
lui a alfuré avoir ouï dire au Catholicos ( on appelle ainli
le Patriarche de Géorgie ) que celui qui aux grandes
fêtes, comme Pâques & Noël, ne s’enivre pas entièrement,
ne paffe pas pour Chrétien & doit être excommunié
c. Avec tous ces vices les Géorgiens ne laiffent pas
d ’être civils, humains , graves & modérez , ils ne fe
mettent que'très-rarement en colère, quoiqu’ils foient
ennemis irréconciliables lorfqu’ils ont conçu de la haine
contre quelqu’un.
Les femmes, dit Struys, font auffi fort belles & fort
» Voyez les voyages de Chardin, première partie. Londres, i S SS,
page 2 04.
“ v°yez 3 ge™0 vagante de! conte Aurelio degli Anzi. In Forma,
J 6 ç 1, Tome I, page 1 y o .
* Voyez les voyages de Chardin, page 2 0 p.
blanches en Circaffie, & elles ont le plus beau te’nt & les
plus belles couleurs du monde, leur front eft grand & uni,
& fans le fecours de l’art elles ont fi peu de fourcils qu’on
dirait que ce n ’eft qu’un filet de foie recourbé ; elles ont
les yeux grands, doux & pleins de fe u , le nez bien fait,
les lèvres vermeilles, la bouche riante & petite, & le
menton comme il doit être pour achever un parfait ovale;
elles ont le col & la gorge parfaitement bien faits, la peau
blanche comme neige, la taille grande & aifée, les cheveux
du plus beau noir; elles portent un petit bonnet
d ’étoffe noire , fiir lequel eft attaché un bourlet de même
couleur; mais ce qu’il y a de ridicule, c ’eft que les veuves
portent à la place de ce bourlet une veffie de boe u f ou de
vache des plus enflées , ce qui les défigure merveilieufe-
ment. L ’été les femmes du peuple ne portent qu’une fimple
chemife qui eft ordinairement bleue, jaune ou rouge,
& cette chemife eft ouverte jufqu’à mi - corps ; elles ont
le fein parfaitement bien fait, elles font affez libres avec
les étrangers, mais cependant fidèles à leurs maris qui n’en
font point jaloux. Voyez les voyages de Struys, page y y ,
’Tome IL
Tavernier dit auffi que les femmes de la Comanie & de
la Circaffie font, comme celles de Géorgie, très-belles
& très-b ien faites, qu’elles paroiffent toujours fraîches
jufqu’à l’âge de quarante-cinq ou cinquante ans; qu’elles
font toutes fortlaborieufes, & qu’elles s’occupent fouvent
des travaux les plus pénibles ; ces peuples ont confervé
la plus grande liberté dans le mariage, car s’il arrive que
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