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y ait eu une couche d ’eau entre ce bouchon & le fond
de la cuvette, lorfque le vaiffeau aura été renverfé. Il faut
renouveller l’eau à mefure qu’elle s’évapore,on pourroit
auffi avoir un vafe qui la fourniroit fans qu’on y touchât,
il n ’y a perfonne qui n’ait vu de ces fortes de vafes
qui fervent d ’abreuvoir dans les cages, & d ’autres dont
on frit des encriers.
L ’expérience d ’un an n’a pas été fuffifante pour faire
croire à M. de Reaumur qiie l’huile dut réfifler pendant
plufieurs années à l’impfeffion de l’efprit de vin, il craint
qu’elle ne s’altère ; en effet il a vû fe former fur fafurface
fous l’elprit de vin, des flocons femblables à ceux qui
tombent de l’huile lorfqu’elle fumage, & dont j’ai déjà fait
mention. Pour éviter tout inconvénient de cette nature
M. de Reaumur emploie le mercure à la place de l’huile,
on n ’a plus à craindre que l’efprit de vin pénètre un fluide
auffi denfe; quelle aétion fôn acide peut-il avoir fur le
mercure ! il faudrait peut-être plufieurs fiècfês pour la
rendre fenfible; d’ailleurs il n’efl plus néceffaire, comme
avec l’huile, que l’efprit de vin fort bien déphlegmé pour
qu’il fumage, on peut y mêler telle quantité d ’eau que
l’on croira néceffaire, pour empêcher que les chairs qui y
feront plongées, n’en fbient altérées ; de plus rien n ’efl
fi facile que de retenir le mercure dans le b o cal, on fait
que ce fluide ne mouillé pas, ainfi la moindre couverture
fera fuffifante pourvû qu’elle puiffe foûtenir le poids des
liquides contenus dans le vaiffeau.
Voilà donc un moyen fur d ’empêcher l’évaporation
Description du Cabinet. 187
de l’efprit de vin , mais il ferait fort difpendieux, car
quelque peu d ’épaiffeur que l’on donnât à la couche de
mercu re, fur-tout dans les vaiffeaux qui auraient une
grande ouverture, il en entrerait pour un prix affez con-
fidérable , de forte qu’il y aurait plus à gagner en laiffant
échapper tous les ans quelques vapeurs de l’efprit de vin ,
qu’en les retenant à fi grands frais. M. de Reaumur a bien
fenti cet inconvénient, & il l’a prévenu en indiquant une
façon d ’épargner le mercure; au lieu de fermer le bocal
avec un bouchon plat, fur lequel il faudrait une couche
de mercure qui le couvrît en entier & qui touchât par fà
circonférence les parois du vaiffeau, il applique fur fon
ouverture un couvercle de verre convexe , dont la convexité
entre dans le vaiffeau , alors il fuffit pour arrêter
l’efprit de vin qu’il y ait feulement un limbe de mercure
fur le joint qui fe trouve entre le couvercle &. les
bords du vaiffeau ; le même joint doit être recouvert en
dehors par un maflic qui retienne Je mercure, & qui
puiffe auffi retenir l’efprit de vin, car fi on incline le
vaiffeau le mercure coulera d ’un côté & l’efprit de vin
touchera au maflic de l’autre cô té , mais le bocal ne peut
refier que très-peu de temps dans cet état, car on le remet
bien- tôt dans (à vraie pofition ; cependant il arrivera rarement,
quoique dans cette pofition, que le limbe de mercure
fe trouve parfaitement de niveau , foit que le couvercle
ou les bords du vafe n ’aient pas par-tout une égale
épaiffeur, foit que la planche qui les fupportera n ’ait pas
été pofée bien horizontalement, mais ce défaut.de niveau
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