62 H i s t o i r e Na t u r e l l e .
de l’articulation, ou par quelque altération dans les parties
qui les environnent, pour qu’on les croie dans le cas de la
vraie ankylofe ; pour didinguer celle-ci de la première, on
l’appelle fauffe ankylofe. Il y a plufieurs caufes qui peuvent
produire ce genre de maladie, comme les fractures
des os auprès ou à une petite dillance de leur articulation,
parce que le fuc offeux en formant le a ju s peut fe répandre
dans la jointure, & réunir les deux os : le déplacement
des os, que l’on appelle luxation, ed aulfi très-fou-
vent fuivi de l’ankylofe , car fi la luxation n ’ed pas bien
réduite, c’ed-à-dire, fi l’os n ’efî pas bien remis en place,
il ne peut pas fe mouvoir, & peu à peu il fe colle &
s’unit à l’os auquel il touche dans l’articulation ; enfin les
entorfes & toutes les maladies qui attaquent les cartilages
& les ligamens, & principalement l’épaiffiffement & l’aL
tération de l’humeur qui humeéte les jointures, & que
l’on appelle fynovie, font autant de caufes qui arrêtent
les mouvemens de l’articulation, & qui peuvent produire
l’ankylofe.
L e C a l u s o u C a l e d u n e e x c r o i f fa n c e d u r e q u i f e
fo rm e d an s le s ch a ir s o u fu r la p e a u , c o m m e c e l le s q u i
f e t r o u v e n t fo u s la p la n te du p ie d o u dans la p a um e d e la
m a in ; o n e n te n d auffi pa r c a lu s l ’ e x c r o i f fa n c e o f fe u fe q u i
f e fo rm e a u x d e u x e x t r ém ité s d ’un o s f r a é tu r é 6c q u i le s
réu n it ; c ’ e f l o rd in a ir em e n t dans c e d e r n ie r fe n s q u ’ o n
em p lo ie c e m o t : il n e fe ra ic i q u e f lio n q u e du ca lu s
d e s o s .
On a cru pendant long temps qu’il étoit formé par un
De s c r i p t io n du Ca b i n e t . 63
épanchement du fuc ofleux qui fortoit de l’os même ou
des parties voifines , 6c que les extrémités des fibres
offeufes rompues s’alongeoient 6c fe joignoient les unes
aux autres ; cependant on avoit peine à concevoir que
des fibres dures & roides, comme le font celles des o s ,
fuffent capables de s’alonger, de s’étendre, 6c de s’unir
les unes aux autres pour former un calus dans un os fracturé.
M. Duhamel a prouvé par plufieurs expériences * ,
que c ’efl au contraire le période qui fe gonfle fur la fracture
, fes fibres s’alongent , elles fe joignent enfemble,
elles fe durciffent & s ’offifient, par ce moyen le période
forme autour de la fraéturé une efpèce de cercle odèux,
qui ed le calus ; ce cercle peut laiffer dans fon centre un
vuide entre les deux extrémités de l’os , 6c cela doit
arriver plus fréquemment dans les vieillards, parce que
les fucs nourriciers font moins abondans dans un âge
avancé ; au contraire, dans la jeunedè les os croiffent
comme tout le rede du corps , alors s’il y en a quelqu’un
qui foit fraéturé, le fuc offeux y abonde , ainfi le calus
étant plus gonflé s’étend entre les deux bouts de l’o s , 6c
les réunit dans toute leur étendue ; d ’ailleurs les os font fi
tendres à cet âge, que leurfiibflance n ’ed pas fort différente
de celle des cartilages , ils peuvent dans cet état faire en
partie les fonétions du p é rio d e , 6c par conféquent s’étendre
un peu , 6c entrer dans la formation du cal pour remplir
tout le vuide de la fraéturé. D e plus , M. Duhamel
croit que le période interne peut auffi s’alonger 6c for-
* Mémoires de i’Académie royale des Sciences, année 174c.