178 H i s t o i r e Na t u r e l l e .
ou deux dans les Locaux qui réuffiflent le mieux, dans
d ’autres, & c ’eft le plus grand nombre, la diminution eft
plus confidérable : dès qu’on s’aperçoit que le bocal n ’a
pas été bien fermé, il faut recommencer l’opération, car
quoiqu’ils foient tous fermez avec le même foin & remplis
de la même liqueur, l’évaporation ne s’y fait pas également,
& cette inégalité dépend de certaines circonf-
tances que l’on ne peut pas prévoir; il y en a que l’ort
reconnoît par l’ulàge, par exemple, fi l’on fe fert d ’un fil
pour fulpendre au bouchon de liège les chofes qui font
dans l’elprit de vin, ce fil pompe peu à peu la liqueur &
la fait remonter dans le bouchon, ainfi elle diminue allez
promptement jufqu’à ce que fa furface foit au deffous du
fil; pour prévenir cet inconvénient, il faut fe fervir de
crin au lieu de fil.
En fuivant ces procédés on eft obligé de remplir les
vailfeaux au bout de quelques années ; mais fi la liqueur
n ’a bailfé que de la hauteur d ’un doigt ou deux, ce qu’il
en coûte pour le nouvel efprit de vin , ne fait pas une
dépenfe confidérable; d ’ailleurs quand même il n ’y au-
roit pas d ’évaporation, l’on ne feroitpas dilpenfé d ’ouvrir
les bocaux dans lefqueis l’elprit de vin prend u n e ‘teinte
de jaune & fe trouble après un certain temps ; cette altération
dépend ordinairement de la nature des chofes qui y
font plongées, & le plus fouvent de la mauvaife qualité de
la liqueur dont elles ont été imbibées dans d ’autres temps.
Les animaux que l’on envoie d ’Amérique dans du tafia,,,
ceux qui, fans venir de fi loin, fe trouvent dans de l’eau de
vie qui a une teinte de jaune, donnent bien-tôt la même
couleur à l’elprit de vin , quoiqu’on les ait lavez à
plufieurs fois , & qu’on les ait fait féjourner pendant
quelque temps dans l’eau ; on ne doit les y lailfer qu’à
proportion de leur confiftance, car il y en a que l’on
altéreroit en les ramollilfant à un certain point : lorfque
la liqueur dont on les retire, a une mauvaife odeur qui
vient de ce que là quantité étoit trop petite & celle des
chairs trop grande, ou de ce que les animaux étoient trop
ferrez les uns contre les autres, c ’ell dans ce cas qu’il ell
le plus nécelfaire de les bien laver, & de les garder dans
l’eau, & même dans l’eau de vie, avant que de les mettre
dans l’efprit de vin, encore eft-on obligé de le renouv
eler ou de le diftiller plufieurs fois dans des intervalles
de temps plus ou moins éloignez, avant qu’il fe maintienne
clair & limpide.
Lorfqu’on prévoit que dans peu de temps l ’on fera
obligé de renouveller l’elprit de vin d ’un bocal, il fuffit
de le fermer avec les luts qui ont déjà été indiquez; fi
on perd des parties Ipiritueufes de la liqueur, on eft dédommagé
de plufieurs façons, l’appareil eft fimple, les
matières que l’on emploie, coûtent fort p e u , & les vaifi-
féaux font moins chers que ceux que l’on feroit faire
exprès dans la vûe d ’empêcher l’évaporation.
M. Duhamel a imaginé une façon fort commode
de renouveller cette liqueur lans déboucher, pour ainfi
dire, le bocal, au moins lans ôter le bouchon en entier
: on applique fur l’ouverture du vafe une lame de
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