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la foûtient avec des fils de fer, s’il eft néceffaire. Lorfque
le plâtre a pris un peu de confiftance, on coupe l’enveloppe
qu’il forme, pour l’enlever par morceaux, & on eft
obligé de faire des coupes en différens fens dans les endroits
les plus convenables, pour empêcher que les parties
les plus là filantes de la liirface intérieure du plâtre,
qui empliflent les enfoncemens & les cavités extérieures
de la difleétion, ne fe caftent, fi on enlevoit to u t-a -la
fois une grande partie de la couche de plâtre, de forte
qu’on la retire en plufieurs pièces. Voilà le moule qui
porte en creux tous les reliefs de la difleétion, & qui
doit en imprimer le modèle fur la cire : on fait fecher
au foleil les pièces féparées de ce moule, & on les graifte
en dedans avec de l’huile de noix pour empêcher que la
cire ne s’y attache.
Si on fe bornoit à ne repréfenter que la forme d ’une
pièce d ’anatomie, il fuffiroit de couler dans le moule
une matière qui pût s’y modeler; la cire ferait tres-propre
à cet ufàge, parce qu’elle a un vernis naturel qui .imite
aflez bien le luifant des chairs, mais elle a de plus un
degré de tranfparence qui fait la perfection de ces fortes
d ’ouvrages, lorfqu’on leur donne la couleur de la chair
& des autres parties da corps. Si on peignoit la pièce de
cire après qu elle a été modelee, on lui ferait perdre fa
tranfparence, ce ferait en vain que 1 on voudrait copier
toutes les teintes 8c toutes les nuances de la piece naturelle
, on ne pourrait apercevoir que les couleurs de la
furface : au contraire fi on incorpore les couleurs avec la
cire avant que de la modeler, on verra, pour ainfi d ire ,
jufque dans l’intérieur des chairs, & la repréfentation aura
de la confiftance & de la réalité. Il faut donc préparer les
cires avant que de les modeler, il faut leur donner differentes
teintes de chaque couleur ; cette matière ne prend
pas également toutes les couleurs, foit parce que fa confiftance
grade n’eft pas toûjours analogue à celle des
matières colorantes, l'oit parce que ces matières ne fe
divifent pas toutes aflez parfaitement pour s’incorporer
avec la cire : cette préparation n ’a pû réuflîr qu’après
une longue pratique qui eft connue depuis long temps
en Italie & en Sicile, auffi la première pièce d ’anatomie
que l’on ait vûe en France en cire co lo rée, a -t-e lle été
faite par l’Abbé Zumbo dont je viens de parler, qui
étoit de Syracufe ; c ’eft à Gènes que la Croix apprit cet
art qu’il apporta en France, 8c qu’il exerça à Paris avec
Defnoües. Nous avons quelques Artiftes qui lavent faire
ces préparations, mais ils en font un fecret: cependant je
crois qu’il ne ferait pas difficile à des gens éclairez de
trouver les procédés les plus fûrs pour colorer les cires,
après avoir fait quelques expériences fur ce fujet, quand
même on n’auroitpas la reflource de s’en inftruire en Italie.
Les cires étant colorées on les emploie comme des
paftels. Au lieu d’une furface plane le moule préfente une
figure en creux : la pièce d ’anatomie dont il porte l’empreinte,
donne le modèle des couleurs. On applique fur
chaque partie du moule une couche de cire co lo rée,
dont la teinte eft conforme à celle de la partie corref-
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