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trouvé aucune diminution fenfible dans trois bocaux remplis
d ’efprit de vin affoibli, & fermez de la manière fui-
vante. Il furnageoit fur l’efprit de vin une couche d ’huile
de noix de la hauteur de cinq ou fix lignes ( A , figure 2.
■planche V J le bouchon du bocal étoit de liège bien ajufté
à l’ouverture & bien fec, on avoit répandu du fuif fondu
par deffus ce bouchon & fur les bords du vafe, & enfin
le fuif étant figé avoit été recouvert par un parchemin
( B J. M. de Reaumur ne prétend pas que l’huile
empêche entièrement l’évaporation de l’efprit de vin ,
il l’emploie feulement pour arrêter les vapeurs pendant
le temps que l’on applique le fuif fondu, 6c il affine que
de toutes les matières qu’il a eflàyées, il n’y en a aucune
qui réfifle mieux à la vapeur de l’efprit de vin que le
fuif ôc le blanc de baleine, car ayant employé en pareil
cas de la cire mêlée avec de la térébenthine, il avoit
trouvé une diminution confidérabie dans la liqueur au
bout d ’un an.
M. de Reaumur penfe que les huiles groffières ne font
pas inaltérables par l’efprit de vin , comme on la cru ;
ayant fait furnager de l’huile fur l’efprit de vin contenu
dans des tubes, il aperçut après quelques jours de petits
corps très-fpongieux affez femblables à des flocons de
neige pour la couleur & pour la figure, ils tomboient
peu à peu jufqu’au fond du vafe où il s’y en accumula de
l’épaifleur de plufieurs lignes dans l’efpace de quelques
mois : cet effet de l’efprit de vin efl aflez égal fur l’huile de
noix ôc fur l’huile d ’olive, mais il efl bien plus prompt fur
D e s c r i p t i o n d u C a b i n e t . 183
l’huile d ’amandes douces, car> en fix mois une couche
de cette huile de cinq à fix lignes 'de hauteur difparoît en
entier. Des Chymifles prétendent que les huiles grades
font indiffolubles dans l’efprit de vin, à moins qu’elles
n ’aient éprouvé l’aélion du feu , peut-être l’efprit de vin
n ’a -t-il altéré l’huile qui avoit été employée dans les expériences
précédentes, que parce qu’elle n ’avoit pas été
tirée à froid.
L ’hifile n’étant pas capable d ’intercepter l’évaporation
de l’efprit de vin lorfqu’elle le couvre, M. de Reaumur
a trouvé le moyen d ’arrêter cette évaporation en la couvrant
elle - même par l’efprit de vin , pour cet effet on
verfe dans un bocal de l’huile de la hauteur d ’environ
un p o u ce, on le remplit d ’efprit de vin aflez bien
déphlegmé pour qu’il foit fpécifiquement moins pefant
que l’huile, & enfuite on ferme le vaifleau, alors on le
retourne, c’e f t- à -d ir e , on le pofe fur fon couvercle
( A ,f ig .3 . pl. V.J l’huile J B J tombe par ce renverfe-
ment fur le couvercle qui efl devenu le fond du vafe,
& par conséquent l’efprit de vin ( C ) efl au deflus de
l’huile, dans cette pofition fes vapeurs font retenues comme
dans un vaifleau fcellé hermétiquement, puifqu’el-
les font arrêtées par le fond du bocal qui fe trouve à
l’endfoit (D J où devoit être fon ouverture s’il n ’avoit
pas été renverfé ; ainfi la vapeur ne peut trouver d ’iflue,
& cette liqueur ne peut s’échapper au travers de l’huile
qui la foûtient, carM. de Reaumur a éprouvé qu’il n ’y
avoit eu aucune diminution fenfible dans plufieurs bocaux