4 6 4 H i s t o i r e N a t u r e l l e
Saint-Thomas, qui n’efl qu’à un degré & demi de i’équa-
teur, confervent leur couleur & demeurent blancs jufqu’à
la troifième génération , & il femble infinuer qu après cela
ils deviennent noirs, mais il ne me paraît pas que ce changement
puiffe fe faire en auffi peu de temps.
Les Nègres de la côte de Juda & d’Arada font moins
noirs que ceux de Sénégal & de Guinee, & meme que ceux
de Congo, ils aiment beaucoup la chair de chien &• la préfèrent
à toutes les autres viandes ; ordinairement la première
pièce de leurs feftins eft un chien rôti ; le goût pour
la chair de chien n’efl pas particulier aux Nègres, les fau-
vages de l’Amérique feptentrionale & quelques nations
Tartares ont le même goût, on dit même qu en Tartarie
on châtre les chiens pour les engraiffer & les rendre meilleurs
à manger. Voyez, les nouveaux voyages des iJles.Pans,
jy 22. TomeIV, gage i 6y .
Selon Pigafetta, & félon l’Auteur du voyage de Drack
qui paraît avoir copié mot à mot Pigafetta fur cet article,
les Nègres de Congo font noirs, mais les uns plus que les
autres & moins que les Sénégalois, ils ont pour la plupart
les cheveux noirs & crépus, mais quelques-uns les ont
roux , les hommes font de grandeur médiocre , les uns
ont les yeux bruns & les autres couleur de verd de mer,
ils n’ont pas les lèvres fi greffes que les autres Nègres, &
les traits de leur vifàge font alfez femblables à ceux des
Européens*.
* Voyez Indice Orientalis partent primant, p. j . V o y e z auffi le v o y a g e
<Iel’Amiral D r a c k .page net.
Ils
d e l ‘ H O m M E. 465
Ils ont des ufages très - finguliers dans certaines provinces
de Congo, par exemple, lorfque quelqu’un meurt
à Lowango iis placent le cadavre fur une efpèce d’amphi-
théatre élevé de fix pieds dans la pofture d’un homme qui
eft afîis les mains appuyées fur les genoux , ils l’habillent
de ce qu’ils ont de plus beau & enfuite ils allument du feu
devant & derrière le cadavre, à mefure qu’il fe defleche St
que les étoffes s’imbibent ils le couvrent d’autres étoffes
jufqVà ce qu’il foit entièrement defféché, après quoi ils le
portent en terre avec beaucoup de pompe. Dans celle de
Malimba c’eft la femme qui ennoblit le mari ; quand le Roi
meurt & qu’il ne laiffe qu’une fille,elle eft maîtreffe abfolue
du royaume , pourvu néanmoins qu’elle ait atteint l’âge
nubile, elle commence par fe mettre en marche pour faire
le tour de fon royaume, dans tous les bourgs St villages où
elle paffe tous les hommes font obligez à fon arrivée de
fe mettre en haie pour la recevoir, & celui d’entre eux
qui lui plaît le plus, va paffer la nuit avec elle ; au retour
de fon voyage elle fait venir celui de tous dont elle a été
le plus fatisfaite & elle l’époufe, après quoi elle ceffe d’avoir
aucun pouvoir fur fon peuple, toute l’autorité étant
dès-lors dévolue à fon mari ; j’ai tiré ces faits d’une relation
qui m’a été communiquée par M. de la Brode qui a écrit
les principales chofes qu’il a remarquées dans un voyage
qu’il fit à la côte d’Angola en 1738 ; il ajoute un fait qui
n’eft pas moins fingulier : « ces Nègres , dit-il , font
extrêmement vindicatifs, je vais en donner une preuve
convaincante ; ils envoient à chaque inflant à tous nos
Tome I I I . N n n