Les Nations nombreufes qui habitent les côtes de la
méditerranée depuis l’Egypte jufqu’à l ’océan, & toute fa
profondeur des terres de Barbarie jufqu’au mont Atlas &
au d e là , font des peuples de différente origine , les naturels
du pays,les Arabes, les Vandales, les Efpagnols,
& plus anciennement les Romains & les Egyptiens, ont
peuplé cette contrée d ’hommes affez différens entr’eu x ,
par exemple, les habitans des montagnes d ’Aureff ont
un air & une phyfionomie différente de celle de leurs voi-
fins, leur teint loin d ’être bafané, efl au contraire blanc &
vermeil, & leurs cheveux font d ’un jaune foncé, au lieu
que les cheveux de tous les autres font noirs, ce q u i,
félon M. Shaw; peut faire croire que ces hommes blonds
defcendent des Vandales , qui après avoir été chafTez
trouvèrent moyen de fe rétablir dans quelques endroits
de ces montagnes a. Les femmes du royaume de Tripoli
ne reffemblent point aux Egyptiennes dont elles font
voifines, elles font grandes, & elles font même confifter
la beauté à avoir la taille exceffivement longue ; elles fe
font, comme les femmes Arabes, des piqûres fur le vi-
fage, principalement aux joues & au menton; elles efti-
ment beaucoup les cheveux roux, comme en T u rq u ie ,
& elles font même peindre en vermillon les cheveux de
leurs enfans t .
En général les femmes Maures affedent toutes de
porter ies cheveux longs jufque fur les talons, celles qui
* Voyez fes voyages de M . Shaw. La Haye, j 74y, TomeI,p. / g g.
b Voyez l’état des royaumes de Barbarie. La Haye, 1704,
n’ont pas beaucoup de cheveux ou qui ne les ont pas fi
longs que les autres, en portent de pofliches, & toutes
les treffent avec des rubans ; elles fe teignent le poil des
paupières avec de la poudre de mine de p lom b , elles
trouvent que la couleur fombre que cela donne aux yeux
efl une beauté fingulière. Cette coutume efl fort ancienne
& affez générale, puifque les femmes Grecques & Ro maines
fe bruniffoient les yeux comme les femmes de
l’Orient. Voyage de AI. Shaw, Tome I , page3 8 2 .
La plupart des femmes Maures pafTeroient pour belles,
même en ce pays-ci, leurs enfans ont le plus beau teint
du monde & le corps fort blanc, il efl vrai que les garçons
qui font expofez au foleil bruniffent bien-tôt, mais,
les filles qui fe tiennent à la maifon, confervent leur beauté
jufqu’à l’âge de trente ans qu’elles ceffent communément
d ’avoir des enfans, en récompenfe elles en ont fouventà
onze ans, & fe trouvent quelquefois grand’mères à vingt-
deux, & comme elles vivent auffi long-temps que les.
femmes Européennes, elles voient ordinairement plufieure
générations. Idem, Tome I , page 2y y .
On peut remarquer en lifant la defcription de ces différens
peuples dans Marmol, que les habitans des montagnes
de la Barbarie font blancs, au lieu que les habitans
des côtes de la mer & des plaines font bafànez & très-
bruns, Il dit expreffément que les habitans de C a p e z ,,
ville du royaume de Tunis fur la méditerranée, font de
pauvres gens fort noirs * , que ceux qui habitent le long,
* Voyez l’Afrique de Marmol. Tome I I , page y y. I.-