6c intrigant ; ils font galans, même voluptueux ; ils aiment
le luxe, la dépenfe, & ils s’y livrent jufqb’à la prodigalité ;
auffin’entendent-ils n il’oeconomie, ni le commerce. Voye£
les voyages de Chardin. Amfl. i y u . Tome II, pagej>y.
Ils font en général aflez fobres, & cependant i immodéré
z dans la quantité de fruits qu’ils mangent ; il eft fort ordinaire
de leur voir manger un man de melons, c’eft-à-dire,
douze livres pefins, il y en a même qui en mangent trois
ou quatre mans; auffi en meurt-il quantité par les excès des
fruits a.:
On voit en Per Ce une grande quantité de. belles femmes
de toutes conteurs, car les marchands qui les amènent de
tous les c ô té s , choififlent les plus belles. Les blanches
viennent de Po lo g n e, de Mofcovie.de Circaffie.de Géor-
gie& des frontières de la grande Tartarie; les bafanéés des
terres du grand Mogol & de celles du Roy de Golconde &
du Roy de Vifapour, & pour les noires elles viennent de
la côte de Melinde & de celles de la Mer Rouge b. Les
femmes du peuple ont une fmgulière fuperffition , celles
qui font flériies s’imaginent que pour devenir fécondes il
faut paffer fous les corps morts- des criminels qui font fuf-
pendus aux fourches patibulaires , elles croient que le cadavre
d ’un mâle' peut influer, même de loin, 6c rendre une
femme capable de faire des enfans. Lorfque ce remède
ftngulrerne leur réuffit pas, elles vont chercher les canaux *
* Voyez tes voyages de Thevenot. Paris, 1 6 6 4 . Tomell.page 1 8 r,
b V. les voyages de Tavernier. Rouen, 1 7 1 3 . Tome II,p age$ 6 8 ,
des eaux qui s’écoulent des bains, elles attendent le temps
où il y a dans ces bains un grand nombre d ’hommes, alors
elles traverfent pluû&urs fois l’eau qu,i en fort, & lorfque
cela ne leurréuffit pas mieux que la première recette, elles
fe déterminent enfin à ,avaler la partie du prépuce qu’on
retranche dans la circpncffion ; c ’eft lefouverain remède
contre la ftérilité > g
Les peuples de la Per-fe, de la T u rq u ie , de l’A rab ie,
de l’Egypte & de toute la -Barbarie peuvent être regardez
comme une même nation qu i, dans le temps de Mahomet
& de fes fucceffeurs, s’eft extrêmement étendue, a
envahi des terreins immenlcs, & s’eft prodigieufement
.mêlée avec les peuples naturels de tous ces pays. Les
Perfans, les T u rc s , les Maures fe font policez julqu’à un
.certain point, mais les Arabes font demeurez pour la
plupart dans un état d ’indépendance qui fuppofe le mépris
des loix; ils vivent,comme les Tartares,fans règle,fans
police, & prefq.ue fans fociété; le larcin, le ra p t, le brigandage
font autorifez par leurs chefs ; ils fe font honneur
de leurs -vices, ils n’ont aucun rclpect pour la vertu, & de
toutes les conventions humaines ils n’ont admis que celles
qu’ont produit le fanatifme <§t la fuperftition.
Ces peuples font fort endurcis au travail, ils accoutument
auffi leurs chevaux à la plus grande fatigue, ils ne
leur donnent à boire & à manger qu’une feule fois en
vingt-quatre heures, auffi ces chevaux font-ils très-maigres,
mais en même temps ils font très-prompts à la courfe,
* Voy.-Jesvayages.deGemeUi Careri. Paris, 1 7 1 ÿ , T om e I I,p .zÿ 0.