Floride, duMiffiffipi & des autres parties méridionales du
continent de l’Amérique feptentrionaie font plus bafànez
que ceux du Canada, fans cependant qu’on puiffe dire qu’ils
foient bruns , l’huile & les couleurs dont ils fe frottent le
co rp s, les font paraître plus olivâtres qu’ils ne le font en
effet. Coreal dit que les femmes de la Floride fontgrandes,
fortes & de couleur olivâtre comme les hommes, qu’elles
ont les bras, les jambes & le corps peints de plufieurs couleurs
qui font ineffaçables, parce qu’elles ontété imprimées
dans les chairs par le moyen de plufieurs piqûres, & que
fa couleur olivâtre des uns & des autres ne vient pas tant
de 1 ardeur du foleil que de certaines huiles dont, pour ainfi
dire, ils fe verniffent la peau ; il ajoute que ces femmes font
fort agiles, qu’elles pa{fent à la nage de grandes rivières
en tenant même leur enfant avec fe bras, & qu’elles grimpent
avec une pareille agilité fur les arbres les plus élevez *,
tout cela leur eft commun avec les femmes fàuvages du
Canada & des autres contrées de l’Amérique. L ’Auteur
de l ’hiftoire naturelle & morale des Antilles dit que les
1 7 0 2 ; la relation de la Gafpefie, par le P. le Clercq, Récolet. Paris,
1 6 7 1 , jpâges 4 4 & 3 y 2 ; la defeription de la nouvelle France, par le
P. Charlevoix. Paris, 1 7 4 4 , Tome I , pages 1 6 & fuivantes. Tome I I I ,
PP- 2 4 ’ 3 02, g 1 a, 3 2 7 ; les Lettres édifiantes, Re cue ilX XIII,p , 2 0 3
è r 2 4 2 ; & le voyage au pays des Hurons, par Gabriel Sabard Theodat
Récolet. Paris, 1 6 3 2 , pages 1 2 8 & 1 7 8 ; le voyage de la nouvelle
France, par Dierville. Rouen, 1 7 0 8,p. 1 2 2 jufqu’a j p s ; Scies découvertes
de M. de la Salle, publiées par M. le Chevalier Tonti, Paris
s 6p 7 , pages 2 4 , y 8 , & c ,
* Voyez le voyage de Coreal. Paris , 1 7 2 2 , Tome I , page 3 S.
Apalachites, peuples voifins de la Floride, font des hommes
d ’une affez grande ftature, de couleur olivâtre, &
bien proportionnez ; qu’ils ont tous les cheveux noirs &
longs, & il ajoute que les Caraïbes ou Sauvages des ides
Antilles fortent de ces Sauvages de la Floride, & qu’ils fie
fouviennent même par tradition du temps de leur migration
*.
Les naturels des ifles Lucaies font moins bafanez que
ceux de Saint-Domingue & de fille de C u b e , mais il refte
fi peu des uns & des autres aujourd’hui qu’on ne peut
guère vérifier ce que nous en ont dit les premiers voya^
geurs qui ont parlé de ces peuples, ils ont prétendu qu ils
ctoient fort nombreux & gouvernez par des efpèces de
chefs qu’ils appelaient Caciques, qu’ils avoient auffi des
efpèces de prêtres, de médecins ou de devins, mais tout
cela efl affez apocryphe, & importe d ’ailleurs affez peu à
notre'hiftoire. L es Caraïbes en général font, félon le P. du
T e rtre , des hommes d ’une belle taille & de bonne mine;
ils font puiffans, forts & robuftes, très-difpos & très-fains ;
il y en a plufieurs qui ont le front plat & le nez aplati,
mais cette forme du vifàge & du nez ne leur efl pas naturelle,
ce font les pères & mères qui aplatiffent ainfi la tête
de l’enfant quelque temps après qu’il efl né; cette efpèce
de caprice qu’ont les Sauvages d ’altérer la figure naturelle
de latête, efl affez générale dans toutes les nations fauvagesr
* Voyez l’hiftoire naturelle & morale des ifles Antilles. Roter dam,
J 83 8 , page 3 J J & '3 , S 8>•