particulièrement pour les blancs qu’elles cherchent avec
emprcfTemcnt, tant pour fe fatisfaire,que pour en obtenir
quelque préfent ; leurs maris ne s’oppofent point à leur
penchant pour les étrangers , & ils n’en font jaloux que
quand elles ont commerce avec des hommes de leur
n atio n , ils fe battent même fouvent à ce fujet à coups
de fabre ou de couteau , au lieu qu’ils offrent fouvent
aux étrangers leurs femmes, leurs filles ou leurs fceurs, &
tiennent à honneur de n ’être pas refufez. Au refte, ces
femmes ont toujours la pipe à la bou ch e, 8c leur peau ne
iaiffe pas d ’avoir auffi une odeur défagréable lorfqu’elles
font échauffées, quoique l’odeur de ces Nègres du Sénégal
foit beaucoup moins forte que celle des autres
Nègres ; elles aiment beaucoup à fauter & à danfer au
bruit d une calebaffe, d ’un tambour ou d ’un chaudron,
tous les mouvemens de leurs danfes font autant de pof-
tures lafcives & de gefles indécens ; elles fe baignent
fouvent & elles fe liment les dents pour les rendre plus
égales ; la plupart des filles avant que de fe marier fe
font découper & broder la peau de différentes figures
d ’animaux, de fleurs, &c.
Les Nègreffes portent prefque toujours leurs petits
enfans fur le dos pendant qu’elles travaillent; quelques
voyageurs prétendent que c ’efl par cette raifon que les
Nègres ont communément le ventre gros & le nez ap-
plati, la mere en fe hauflànt & baiffant par fecouffes, fait
donner du nez contre fon dos à l’enfant, qui pour éviter le
coup, fe retire en arrière autant qu’il le p eut, en avançant
le ventre*. Ils ont tous les cheveux noirs & crépus comme
de la laine frifée ; c ’eft auffi par les cheveux & parla couleur
qu’ils diffèrent principalement des autres h ommes,
car leurs traits ne font peut-être pas jg diflërens de ceux
des Européens que le vifâge Tartare l’elt du vifage François.
Le Père du Tertre dit expreffément que fi prefque
tous les Nègres font camus, c ’efl: parce que les pères 6c
mères écrafent le nez à leurs enfans , qu’ils leur preflènt
auffi les lèvres pour les rendre plus groffes, & que ceux
auxquels on ne fait ni l’une ni l’autre de ces opérations,
ont les traits du vifage auffi beaux, le nez auffi élevé, 6c
les lèvres auffi mirices que les Européens; cependant ceci
ne doit s’entendre que des Nègres du Sénégal, qui font
de tous les Nègres les plus beaux & les mieux faits, .& il
paroît que dans prefque tous les autres peuples N è g re s,
les groffes lèvres & le nez large 8c épaté font des traits
donnez par la Nature , qui ont fèrvi de modèle à l’art
qui eft chez eux en ufage d ’applatir le nez 6c de groffir
les lèvres à ceux qui font nez avec cette perfeétion de
moins.
Les Nègreffes font fort fécondes 6c accouchent avec
beaucoup de facilité & fans aucun fécours, les fuites de
leurs couches ne font point fâcheufes, & il ne leur faut
* Voyez le voyage du fîeur le Maire fous M. Dancourt. Paris,
i 6 y y , page 14.4 jufqu’à ƒ j y . Voyez auffi La troifième partie de
Fhiftoire des chofes mémorables advenues aux Indes, &c. par le Père
du Jaric. Bordeaux, 1614).., page y 14. Et l'hiftoire des Antilles par
le Père du Tertre. Paris, 1 6 6 7 , page y jufqu’à y y 7,
M m m ij