» ils exécutèrent l’ordre qui leur avoit été donné, ce qui
» dura quarante jours, parce que c’étoit la coutume d’employer
ce temps pour embaumer les corps morts. »
Le plus ancien des hiftoriens profanes, Hérodote, eft
entré dans le détail de cette pratique ; cet auteur eft fi
précis que j’ai cru qu’il étoit plus à propos de rapporter
en entier l’article dont il s’agit, que d’en faire l’extrait:
voici la traduélion que du Ryer en a faite *. « Ils ( les
„ Egyptiens) portent embaumer le corps, il y a certains
„ hommes qui en font métier.......alors on embaume le
„ corps le plus promptement qu’il eft poffible. Première-
„ ment on tire la cervelle par les narines avec des ferremens
„ propres pour cela, & à mefure qu’on la fait fortir on
„ fait couler à la place des parfums ; enfuite ils coupent le
„ ventre vers les flancs avec une pierre éthiopique bien
„ aiguifée, & en tirent les entrailles qu’ils nettoient & qu’ils
„ lavent dans du vin de palme. Quand ils ont fait cette
„ opération , ils les font encore paffer dans une poudre
„ aromatique, & enfuite ils les empliffent de myrrhe pure,
„ de cafle & d’autres parfums, excepté d’encens, & les
„ remettent dans le corps qu’ils recoufent. Après toutes
„ ces façons ils falent le corps avec du nitre, & le tiennent
„ dans le lieu où il efl; falé durant l’efpace de foixante &
3> dix jours, n’étant pas permis de l’y tenir plus long temps.
» Lorfque les foixante & dix jours font accomplis, & qu’on
» a encore lavé le corps, ils l’enveloppent avec des bandes
» faites de fin lin, qu’ils frottent par deflùs avec une gomme
* In - i 2, à Paris, 1660. Tome 1, page 2 } j .
D E S C R I P T I O N D U C A B I N E T . 285
dont les Egyptiens fe fervent ordinairement au lieu de «
fel. Quand les parens ont repris le corps, ils font faire «
de bois creufé comme la ftatue d’un homme, dans laquelle «
ils enferment le mort, & l’ayant enfermé là-dedans, ils le « •
mettent, comme un tréfor, dans un coffre qu’ils dreflent «
debout contre la muraille : voilà les cérémonies qu’on «
fait pour les riches ; quant à ceux qui fe contentent de «
moins, & qui rie veulent pas faire tant de dépenfes, ils «
les traitent de la forte. Ils rempliffent une feringue d’une «
liqueur odoriférante qu’on tire du cèdre, qu’ils pouffent «
par le fondement dans le corps du mort fans lui faire <•
aucune incifion, & fans en tirer les entrailles, & le tien- «
nent dans le fel autant de temps que j ai dit des autres. «
Quand le temps eft expiré, ils font fortir du corps du «
mort la liqueur de cèdre qu’ils y avoient mife, & cette «
liqueur a tant de vertu qu’elle fait fondre les inteftins & «
les entraîne avec elle ", pour le nitre il mange Sc con- «
fomme les chairs, & ne laifle que la peau & les offemens «
du mort; alors celui qui l’a embaumé le rend a fis parens «
& ne s’en met pas davantage en peine. La troifième façon «
dont on fe fert pour embaumer les morts, eft celle qui «
regarde ceux de la moindre condition, de qui l’on fe «
contente de purger & de nettoyer le ventre par des lave- «
mens, & d’en faire fécher le corps dans du fel durant le «
même temps de foixante & dix jours, afin de le rendre «
enfuite à fes parens. »
Diodore de Sicile a auffi fait mention du procédé que
fuivoient les Egyptiens pour embaumer les morts » il y
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