petites filles relient toujours aveê leur mère, & fervent
enfuite à les remplacer3. Les Egyptiennes font fortbrunes,
elles ont les yeux vifsb ; leur taille efl au-deflous de la médiocre,
la manière dont elles font vêtues n’eft point du
tout agréable, & leur converfation eft fort ennuyeufec; au
relie elles font beaucoup d ’enfans, & quelques voyageurs
prétendent que la fécondité occafionnée par l ’inondation
du Nil, nefe borne pas à la terre feule, mais qu’elle s’étend
aux hommes & aux animaux ; ils difent qu’on voit par une
expérience qui ne s’ell jamais démentie, que les eaux nouvelles
rendent les femmes fécondes, foit qu’elles en boi-
vent.foit qu’elles fe contentent de s’y baigner ; que c’ell
dans les premiers mois qui fuivent l’inondation, c’eft-à-
dire , au mois de juillet & d’août, qu’elles conçoivent
ordinairement, & que les enfàns viennent au monde dans
les mois d’avril & de mai ; qu’à l’égard des animaux les
vaches portent prefque toujours deux veaux à la fois, les
brebis deux agneaux, &c d. On ne fait pas trop comment
concilier ce que nous venons de dire de ces bénignes
influences du N il, avec les maladies fâcheufes qu’il produit
; car M. Granger dit que l’air de l’Egypte eft mal-làin,
que les maladies des yeux y font très-fréquentes, & fi
difficiles à guérir que prefque tous ceux qui en font attaquez
perdent la vue; qu’il y a plus d ’aveugles en Egypte *
* Voyezles voyages de Paul Lucas. Paris, / y 04, page 3 6 3 , ire.
1 Voyez les voyages de Gemelli Careri. Tome 1, page 1 n 0..
c Voyez les voyages du P, Vaniïeb. Paris, 1 6 7 7 , page 4 3 .
1 Voyez les voyages du lîeur Lucas. Rouen, 1 7 1 ÿ , page 8 3 .
qu’en aucun autre pays, & que dans le temps de la crue
du Nil la plupart des habitans font attaquez de diflenterics
opiniâtrés, caufées par les eaux de ce fleuve, qui dans
ce temps-là font fort chargées de fels a.
Quoique les femmes foient communément allez petites
en Egypte, les hommes font ordinairement de haute
taille b. Les uns & les autres font, généralement parlant,
de couleur olivâtre, & plus on s’éloigne du Caire en
remontant, plus les habitans font bafanez, jufque-là que
ceux qui font aux confins de la Nubie, font prefque auffi
noirs que les Nubiens mêmes. Les défauts les plus naturels
aux Egyptiens font l’oifiveté & la poltronnerie , ils
ne font prefque autre chofe tout le jour que boire du
caff'é, fumer, dormir ou demeurer oififs en une place,
ou caufer dans les rues; ils font fort ignorans, Sc cependant
pleins d ’une vanité ridicule. Les Coptes eux-mêmes
ne font pas exempts de ces vices, & quoiqu’ils ne puiffent
pas nier qu’ils n’aient perdu leur noblefle, les fciences,
l ’exercice des armes, leur propre hiftoire & leur langue
même, & que d ’une nation illuftre & vaillante ils ne foient
devenus un peuple vil & efclave, leur orgueil va néanmoins
jufqu’à méprifer les autres nations, & à s’offenfer
lorfqu’on leur propofe de faire voyager leurs enfans en
Europe pour y être élevez dans les fciences & dans les artsc.
* Voyez le voyage de M. Granger. Paris, 17 4 3 , page 2 1 .
b Voyez les voyages dé Pietro délia Vallei Tome 1, page 40 t,
C Voyez les voyages du fieur Lucas. Tome I I I , page 134. & la
relation d’un voyage fait en Egypte par le P. \onüeb, page 42, Hhh iij