diftances dans les terres voifines de ces montagnes , & y
porter la fraîcheur qu’il a prife fur les neiges qui couvrent
leurs fommets ; ces neiges elles-mêmes doivent produire
des vents froids dans les temps de leur fonte. Toutes ces
caufes concourant donc à rendre le climat de la zone torride
en Amérique beaucoup moins chaud, il n’eft point
étonnant qu’on n ’y trouve pas des hommes noirs, ni même
bruns, comme on en trouve fous la zonetorride en Afrique
& en Afie, où les circonftances font fort différentes,
comme nous le dirons tout à l’heure : foit que l’on fup-
pofe donc que les hahitans de l’Amérique foient très-
anciennement naturalifez dans leur pays, ou qu’ils y foient
venus plus nouvellement, on ne devoit pas y trouver des
hommes noirs, puifque leur zone torride ell un climat
tempéré.
La dernière radon que j ’ai donnée de ce qu’il fe trouve
peu de variété dans les hommes en Amérique, c ’eft l’u niformité
dans leur manière de vivre , tous étoient làu-
vages o ‘bf* très - nouvellement civilifez, tous vivoient ou
avoient vécu de la même façon : en fuppofant qu’ils euff
fent tous une origine commune, les races s’étoient dif-
perfeesfans s’être croifées, chaque famille faifoit une nation
toujours femblable à elle-même, & prefque fembla-
ble aux autres, parce que le climat & la nourriture étoient
audi à peu près femblables, ils n’avoient aucun moyen de
degenerer ni de fe perfectionner, ils ne pouvoient donc
que demeurer toujours les mêmes, & par-tout à peu près
les mêmes.
Quant à leur première origine, je ne doute p a s , indépendamment
même des raifons théologiques, qu’elle ne
foit la même que la nôtre; la reffemblance dés fauvages
de l’Amérique feptentrionale avec lesTartares orientaux,
doit faire foupçonner qu’ils fortent anciennement de ces
peuples : les nouvelles découvertes que les Ruffes ont
faites au delà de Kamtfchaca, de plufieurs terres & de
plufieurs ifles, qui s’étendent jufqu’à la partie de i’oueft
du continent de l’Amérique, ne iaifferoientaucun doute
fur la poffibilité de la communication, û ces découvertes
étoient bien conftatées, & que ces terres fuffent à peu près
contiguës; mais en fuppofant même qu’il y ait des intervalles
de mer affez confrdérables , n’eft-il pas très-poffible que
des hommes aient traverfé ces intervalles, & qu’ils foient
allez d ’eux-mêmes chercher ces nouvelles terres ou qu’ils
y aient été jetez par la tempête î il y a peut-être un plus
grand intervalle de mer entre les ifles Marianes & le Japon,
qu’entre aucune des terres qui font au delà de Kamtfchaca
& celles de l’Amérique, & cependant les ifles Marianes
fe font trouvé peuplées d ’hommes qui ne peuvent venir
que du continent oriental. J e ferais donc porté à croire
que les premiers hommes qui font venus en Amérique,
ont abordé aqx terres qui font au nord-oueft de la Californie
, que le froid exceffif de ce climat les obligea à gagner
les parties plus méridionales de leur nouvelle demeure,
qu’ils fe fixèrent d ’abord au Mexique & au Pérou , d ’où
ils fe font enfuite répandus dans toutes les parties de l’A mérique
feptentrionale & méridionale; car le Mexique &
T t t ij