les plus agréables lorfqu’il commençoit à voir, étoient les
formes régulières & unies, les corps pointus & irréguliers
étoient pour lui des objets défagréables ; il n’eft donc pas
douteux que l’idée de la beauté & le fentiment du plaifir
qui nous arrive par les yeux, ne naifle de la proportion
& de la régularité; il en eft de même du toucher, les
formes égales, rondes & uniformes nous font plus de
plaifir à toucher que les angles, les pointes & les inégalités
des corps raboteux ; le plaifir du toucher a donc pour
caufe,aufli-bien que celui de la vue, la proportion des
corps & des objets , pourquoi le plaifir de l’oreille ne
viendrait- il pas de la proportion des fons
L e fon a , comme la lumière, non lèulement la propriété
de fe propager au loin, mais encore celle de le
réfléchir ; les loix de cette réflexion du fon ne font pas
à la vérité auffi - bien connues que celles de la réflexion
d e la lumière, on efl feulement affiné qu’il fe réfléchit à
la rencontre des corps durs ; une montagne, un bâtiment,
une muraille réfléchirent le fon, quelquefois fi parfaitement
qu’on croit qu’il vient réellement de ce côté op-
p o fé , & lorfqu’il fe trouve des concavités dans ces fur-
fàces planes, ou lorfqu’elles font elles-mêmes régulièrement
concaves, elles forment un écho qui eft une réflexion
du fon plus parfaite & plus diftinéle ; les voûtes
dans un bâtiment, les rochers dans une montagne, les
arbres dans une forêt, forment prcfque toujours des échos,
les voûtes parce qu’elles ont une figure concave régulière
, les rochers parce qu’ils forment des voûtes & des
cavernes, ou qu’ils font difpofez en forme concave &
régulière, & les arbres parce que dans le grand nombre
de pieds d ’arbres, qui forment la fo rê t, il y en a prefque
toûjours un certain nombre qui font difpofez & plantez
tes uns à l’égard des autres de manière qu’ils forment
une efpèee de figure concave.
L a cavité intérieure de l’oreille paraît être Un écho où
te fon fe réfléchit avec la plus grande précifion ; cette
cavité eft creufée dans la partie pierreufe de l’os temporal,
comme une concavité dans un ro c h e r, le fon fe répète
& s’articule dans cette cavité, & ébranle enfuite la partie
folide de la lame du limaçon, cet ébranlement fe communique
à la partie membraneufe de cette lam e, cette
partie membraneufe eft une expanfion du nerf auditif qui
tranfmet à l’ame ces différens ébranlemens dans l’ordre
où elle les reçoit; comme les parties offeufes font folides
& infenfibles, elles ne peuvent fervir qu’à recevoir & réfléchir
le fo n , les nerfs fouis font capables d ’en produire
la fonfation. O r dans l’organe de l’ouïe la feule partie
qui foit nerf, eft cette portion de la lame fpirale, tout le
refte eft folide, & c’eft par cette raifon que je fais con-
fifter dans cette partie l’organe immédiat du fon, on peut
même le prouver par les réflexions fuivantes.
L ’oreille extérieure n’eft qu’un accefloire à l’oreille
intérieure, fa concavité, fes plis peuvent fervir à augmenter
la quantité du fon , mais on entend encore fort
bien fans oreilles extérieures, on le voit par tes animaux
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auxquels on les 3 coupées; la membrane du tympan, qui