plus à fa première & à la féconde-, font les moeurs ; mais
avant que d’expofer les raifons fur lefquellès nous croyons
devoir fonder cette opinion , il eft néceffaire de donner la
defcription des peuples de l’Afrique & de l’Amérique,
comme nous avons donné celle des autres peuples de la
terre.
Nous avons déjà parlé des nations de toute la partie
feptentrionale de l’Afrique , depuis la mer méditerranée
julqu’au tropique ; tous ceux qui font au delà du tropique
depuis la mer rouge jufqu’à l’océan, fur une largeur
d’environ cent ou cent cinquante lieues , font encore
des efpèces de Maures , mais fi bafanez qu’ils pa-
roilfent prefque tout noirs , les hommes fur - tout font
extrêmement bruns , les femmes font un peu plus
blanches , bien faites & alfez belles ; il y a parmi ces
Maures une grande quantité de Mulâtres qui font encore
plus noirs qu’eux, parce qu’ils ont pour mères des Né-
grelfes que les Maures achettent & defquelles ils ne lailfent
pas d’avoir beaucoup d’enfans * . Au delà de cette étendue
de terrein , fous le i y mc ou iS“' degré de latitude nord
& au même parallèle on trouve les Nègres du Sénégal &
ceux de la Nubie , les uns fur la mer océane & les autres
fur la mer rouge ; & énfuite tous les autres peuples de
l’Afrique qui habitent depuis ce i8me degré de latitude
nord jufqu’au 18me degré latitude fud , font noirs, à l’exception
des Ethiopiens ou Abyfiîns ; il paroît donc que la
portion du globe qui eft départie par la Nature à cette race
* Voyezd’Afrique de Marmol. Tome I I I , page 2 9 & 9 9 .
d’hommes
d ’hommes, efl: une étendue de terrein parallèle à l ’équateur
, d ’environ neuf certs lieues de largeur fur une longueur
bien plus grande , fur-tout au nord de l’équateur;
& au delà des 18 ou 20 degrés de latitude fud les hommes
ne font plus des N ègres, comme nous le dirons en parlant
des Caffres & des H ottentots.
On a été long-temps dans l’erreur au fujet de la couleur
& des traits du vifage des Ethiopiens, parce qu’on
lésa confondus avec les Nubiens leurs voifins, qui font cependant
d ’une race différente. Marmol dit que les E th io piens
font abfolument noirs, qu’ils ont le vifage large &
le nez p la ta ; les voyageurs Hollandois difent la même
chofe b, cependant la vérité eft qu’ils font différens des
Nubiens par la couleur & par les traits : la couleur naturelle
des Ethiopiens eft brune ou olivâtre, comme celle
des Arabes méridionaux , defquels ils ont probablement
tiré leur origine.Ils ont la taille haute, les traits du vifage
bien marquez, les yeux beaux & bien fendus, le nez bien
fait, les lèvres petites, & les dents blanches ; au lieu que
les habitans de la Nubie ont le nez écrafé , les lèvres
greffes & épaiffes, & le vifage fort n o irc. Ces Nubiens,
auffi-bien que les Barberins leurs voifins du côté de l’o ccident,
font des efpèces de Nègres , affez femblables à
ceux du Sénégal.
Les Ethiopiens font un peuple jià demi-policé, leurs
* Voyez l’Afrique de Marmol. Tome I I I , page 6 8 & 69.
b V.Ie recueil des voyages de la Comp.des Indes de Holl. 7, IV-p-p g ,
c Voyez les Lettres édifiantes. Recueil I V , page 3 4 9 ■
Tome I I I . LU