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avec le temps, 8c elles teignent les liqueurs dans Iefquelles
on conferve les pièces injectées, telles font la cochenille,
la lacque, l’orcanette, le bois de Brefil, l’indigo, &c. au
lieu qu’oil n’eft pas expofé à tous ces inconvéniens en
employant les matières minérales, comme la pierre cala-
minaire, le minium ou le vermillon, & le verd de gris.
Le vermillon efl le meilleur pour le rouge, parce que fa
couleur elt la plus vive & la plus foncée, & on doit prendre
du verd de gris cryftallifé, parce que fa couleur efl:
auffi plus forte, & parce qu’il fe diflout dans les huiles.
Voici le procédé que donne M. Monro pour préparer
la liqueur.qui doit être inje&ée dans les petits vaiffeaux,
« c’eft de prendre une livre d ’huile de térébenthine bien
„ claire, & d ’y mêler peu à peu trois onces de vermillon
» ou de verd de gris cryftallifé en poudre fubtile, ou plûtôt
» exactement broyé fur le porphyre; il faut les agiter avec
„ une fpatule de bois jufqu’à ce que le mélange foit cxaél,
» & paffer enfuite la liqueur par un linge fin. La féparation
» des parties les plus groflières fe fait encore mieux en ne
| verfant d’abord fur la poudre que quelques onces d’efprit
„ de térébenthine, 6c agitant fortement avec une fpatule;
» laiffez un peu repofer, 6c verfez par inclination dans un
« autre vafe bien net i’efprit de térébenthine & le vermillon,
» ou le verd de gris qui y efl fufpendu, & répétez cela
» jufqu’à ce que l’cfprit de térébenthine n’enlève plus de
» la poudre , & qu’il n ’en refte que les parties les plus
groflières. »
L e même Auteur rapporte le procédé fuivant pour
préparer
préparer la matière dont on remplit les gros vaiffeaux :
« prenez une livre de fuif, cinq onces de cire blanche,
trois onces d ’huile d’olive, faites fondre ces matières au «
feu de lampe. Lorfqu’elles feront fondues, ajoûtez - y «
deux onces de térébenthine de Venife, & quand elle fera «
mêlée vous y ajouterez trois onces de-vermillon ou de«
verd de gris préparé, que vous mêlerez peu à peu. Paffez «
alors votre mélange par un linge propre 6c chauffé, pour«
féparer toutes les parties groflières; & fi on veut pouffer«
cette matière plus avant dans les vaiffeaux, on peut, avant «
que de s’en fervir, y ajouter un peu d ’huile ou d ’efprit «
de térébenthine. »
Les inftrumens 6c les matières les plus convenables aux
injections, ne fuffiroient pas pour les faire réuflir, fi on
n avoit pas i’attention de choifir les fiijets les plus propres
à les recevoir, & de prendre toutes les précautions qui
font néceffaires pour le fuccès de l’opération ; les fujets
les plus jeunes font les meilleurs, parce que les liquides
y font plus fluides & les folides plus fouples que dans
les vieillards. Si le fang étoit trop épais, il feroit difficile
d ’épuifer les vaiffeaux avant que de les injeéter, & s’ils
étoient trop tendus ils ne prêteraient pas aflez pour recevoir
l’injeétion dans toute leur étendue. On a confeillé,
pour corriger ces défauts, d ’injecter de l’eau chaude par
les artères jufqu’à ce qu’elle revienne claire par les veines,
enfuite de chaffer l’eau en introduifànt de l’air avec force,
6c enfin de faire fortir l’air en preflànt les parties qui le
contiennent. M. Monro avertit que l’on doit fe défier de
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