» ce voyageur, ont communément la taille plus petite rie
» quatre pouces que la n ô tre , & plus greffe à proportion ;
«leur teint efl; rouge & bafàné; leurs vifàges font plats,
» larges & carrez ; ils ont le nez écrafé & les yeux" petits.
• ” O r comme ce font là tout-à-fait les traits des habitans de
» la Chine , j’ai trouvé, après avoir bien obfervé la chofe
” durant mes voyages, qu’il y a la même configuration de
« vifage & de taille dans tous les peuples qui font à l’orient
» & au feptentrion de la mer Cafpienne & à l’orient de là
» prefqu’ile deMalaca, ce qui depuis m’afait croire que ces
» divers peuples fortent tous d ’une même fouche, quoi-
» qu’il paroiffe des différences dans leur teint & dans leurs
» moeurs, car pour ce qui efl du teint, la différence vient de
« la qualité du climat & de celle des alimens, & à l’égard des
» moeurs la différence vient auffi de la nature du terroir & de
l ’opulence plus ou moins grande *..»
L e Père Parennin qui, comme l’on fait, a demeuré fi
long-temps à la C h in e , & en a fi bien obfervé les peuples
& les moe u rs, dit que les voifins des Chinois du côté de
1 occident depuisleThibet en allantau nord jufqu’à Chamo,
femblent être différens des Chinois par les moeurs, par la
langue, par les traits du vifàge & par la configuration extérieure
; que ce font gens ignorans, greffiers, fainéans , défauts
rares parmi les Chinois ; que quand il vient quelqu’un
de cesTartares a Pékin, & qu’on demande aux Chinois
la raifon de cette différence , ils difent que cela vient
de I eau & de la terre, c ’efl-à-dire, de la nature du pays
* Voyez les Voyages de Chardin. Amfterdam,^, S 6, Tom e III,1 7 1 1 ,
qui opère ce changement fur le corps & même fur l’ef-
prit des habitans. Il ajoute que cela paraît encore plus
vrai à la Chine que dans tous les autres pays qu’il ait vus,
& qu’il fe fouvient qu’ayantfuivi l’Empereur jufqu’au 48™'
degré de latitude nord dans la Tartarie , il y trouva des
Chinois de Nanquin qui s’y étoient établis, & que leurs
enfans y étoient devenus de vrais Mongoux, ayant la tête
enfoncée dans les épaules, les jambes cagneufes, & dans
tout l’air une groffièreté & une mal-propreté qui rebutoit.
Voyei la Lettre du P. Parennin datée de Pékin le 2 S Septembre
17 3 ƒ. Recueil 2 f des lettres édifiantes.
Les .Japonnois font affez femblables aux Chinois pour
qu’on puiffeles regarder comme ne faifant qu’une feule &
même race d’hommes, ils font feulement plus jaunes ou
plus bruns, parce qu’ils habitent un climat plus méridional
; en général ils font de forte complexion, ils ont la
taille ramaffée, le vifage large & plat, le nez de même,
les yeux petits *, peu de barbe, les cheveux noirs, ils font
d ’un naturel fort altier, aguerris, adroits, vigoureux, civils
& obligeans , parlans bien , féconds en complimens,
mais inconffans & fort vains ; ils fupportent avec une
confiance admirable la faim, la foif, le froid, le chaud,
les veilles. la fatigue & toutes les incommodités de la vie,
de laquelle ils ne font pas grand cas ; ils fe fervent, comme
les Chinois, de petits bâtons pour manger, & font auffi
plufieurs cérémonies ou plutôt plufieurs grimaces &
* Voyez les Voyages de Jean Struys. Rouen, 1719. Tom eI,
page 1 1 2 . ;
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